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L'Homme du large (Marcel L'Herbier - 1920)
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Auteur:  Tom [ 03 Juin 2012, 01:22 ]
Sujet du message:  L'Homme du large (Marcel L'Herbier - 1920)

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Nolff, pêcheur solitaire et amoureux de l'océan, vit isolé dans une grotte. Le film revient sur son histoire, et les évènements l'ayant mené à faire vœu de silence : ses deux enfants, son fils qu'il préfère - et qui refuse de prendre la mer, plus attiré par la ville et ses divertissements...


L'Herbier fait chier, parce qu'il a un talent dingue qu'il gâche comme un porc. Il n'a pas encore la maturité qu'il aura une décennie plus tard avec L'Argent, et l'impressionnisme relève ici plutôt du tract, expérimentations alignées dans tous les sens sans cohérence, comme de petites fioritures complètement accessoires, parasitant toute chance d'immersion. Ça va chercher dans tous les coins, dans les jeux d'intertitres ou de caches en tout genre, dans un montage surcaféiné et complètement chaotique... dans une attitude très "coloriage", en somme. Remplissons, remplissons, "rendons artistique".

Et c'est chiant parce que ce type est totalement inconscient du trésor qu'il a entre les mains : soit un sens de la mise en scène inné au niveau le plus sobre qui soit - pouvoir d'évoquer mille choses par un simple choix d'axe, de cadre : son art chantant il est là, évident, pendant que lui s'excite à le chercher ailleurs. Si on passe la première partie très mécanique, la plus saturée de petits effets hystériques d'ailleurs, le film parvient à déployer de son carré familial un récit moral plutôt ample, qui ne va pas chercher la Bretagne sur le versant conceptuel (ce qui était d'avantage le cas du très "cosmique" Finis Terrae - la comparaison est inévitable -, qui mettait face à face les petits hommes et le paysage immense), mais de manière beaucoup plus intime, collée aux angoisses de ses persos, à leur lyrisme religieux. L'Herbier gagne ainsi paradoxalement ses meilleurs moments sans faire appel à la mythologie du décor, dans les intérieurs sombres et utérins : entre quatre murs à la lueur des bougies, dans une approche suggestive et rêveuse, à l'aise face aux vertiges d'une malade alitée ou dans l'ivresse d'un bordel. Il arrive par exemple parfaitement à faire ressentir comme "crédible" l'acte final démesuré (le climax), simplement parce qu'il sait en faire l'aboutissement d'une logique subjective qui est celle de ses persos paniqués, à travers une nuit hagarde.

A-t-il conscience de ce talent-là ? Parce qu'il le sabote vraiment dans tous les sens. En filmant la mer comme une divinité impérieuse, par exemple... pour y découper ensuite la forme d'une croix bien lourde, bien symbolique, juste pour le plaisir d'un effet théorique. Gâchis.

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