Ne lisez pas cette critique.
Ne lisez rien si vous le pouvez et découvrez le film vierge de tout, même de la bande-annonce si possible.
Toutefois, je vais essayer tant bien que mal de parler du film sans trop spoiler parce que c'est une vraie petite bombe.
La Cabane dans les bois, c'est un peu le nouveau Scream. Tout en étant l'anti-Scream.
Là où Scream dénonçait les clichés du genre, La Cabane dans les bois tend à les justifier. Et malgré tout ce qu'il y a de métafilmique dans le scénario, le récit demeure traité avec...je ne pourrais pas vraiment parler de "premier degré" ou de "sérieux", mais on est pas dans la farce. On est pas dans la simili-parodie. C'est en ça aussi que le film se rapproche de Scream : on a beau s'adresser à un public qui connaît les codes, à être très conscient de soi à chaque instant, le "spectacle" reste crédible, authentique.
Du coup, comme Scream, La Cabane dans les bois fonctionne aussi sur son niveau de lecture le plus primaire : un ride horrifique (plus qu'un film d'horreur flippant) super efficace. Pour tout aficionado du genre (et peut-être même encore plus pour ceux qui n'en sont pas forcément fanatique, ceux qui comme moi sont agacés par certains de ces codes), le second niveau de lecture sera évidemment d'autant plus jouissif.
Parce que ça déborde d'idées. Là où Scream joue avec trois-quatre règles, où une blague comme Tuckerr & Dale fightent le mal se cantonne à jouer sur UNE idée pendant 90 minutes, La Cabane dans les bois enquille mille et une choses trop bien vues, revisitant le genre, et même LES genres, ou sous-genres de l'horreur, brassant les références, d'Evil Dead à...Scooby Doo!
Une influence qui n'est absolument pas étonnante quand on connaît le passif des deux scénaristes, Joss Whedon & Drew Goddard, dont c'est le premier long en tant que réalisateur après avoir écrit Cloverfield et Robopocalypse, mais surtout sur Buffy (et son spin-off Angel), série(s) créée(s) par Whedon où la joyeuse équipe de chasseurs de monstres en tous genres est surnommée le "Scooby Gang" et rivalise de vannes. Et si Buffy était déjà aussi self-aware que Skynet, La Cabane dans les bois l'est encore plus mais cette fois, les stéréotypes et archétypes sont diégétisés, justifiés donc, comme je le disais. Et faut voir comment le scénario amène ces justifications, c'est incroyablement ludique.
Mais le truc, je me dois d'y revenir, parce que c'est la clé, c'est que jamais le film ne se moque.
On a beau avoir une blonde à la libido débordante ou une vierge ou un foncedé ou un beau gosse musclé, le film ne se limite pas à réutiliser le cliché tout en le pointant du doigt (à la Scream), tout le long, c'est comme il cherchait à trouver une excuse, une justification, à tous les clichés, à tous les "séparons-nous", à tous les "allons voir dans cette cave", à tous les zombies, et les rednecks chelous, et autres croque-mitaines, par le biais de son pitch génial.
Si Scream était une déconstruction du genre, La Cabane dans les bois pourrait presque en être une reconstruction.
C'est une lettre d'amour. Une lettre d'amour au film d'horreur qui témoigne du besoin, de l'envie qu'on a tous de se faire peur, une ode à l'origine de nos cauchemars, où les bourreaux sont, plus encore que dans tout autre film d'horreur, des démiurges, des réalisateurs prêt à sacrifier ces pantins pour des spectateurs avides de sang.
Je reprocherai au film quelques longueurs dans le dernier acte, avec des explications superflues, mais ce climax est tellement généreux et jubilatoire...
Bref, c'est malin et marrant et ça bout de partout d'idées. Je ne saurai que trop vous le conseiller.
5/6
