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Detachment (Tony Kaye - 2011)
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Auteur:  Art Core [ 02 Fév 2012, 15:22 ]
Sujet du message:  Detachment (Tony Kaye - 2011)

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Henry Barthes est un professeur remplaçant. Il est assigné pendant trois semaines dans un lycée difficile de la banlieue new-yorkaise. Lui qui s'efforce de toujours prendre ses distances va voir sa vie bouleversée par son passage dans cet établissement.

Près de 15 ans après son premier film, rapidement devenu un film culte, American History X, Tony Kaye revient pour un second film de fiction (il a fait des docs) qui se veut tout autant rentre dedans et intense en prenant comme sujet l'éducation.

Le résultat est un drôle de film protéiforme et hétérogène qui part dans sans arrêt dans tous les sens que ce soit narratif ou formel sans avoir de vrai projet, de vrai discours. J'ai le sentiment d'un film qui s'est fait au montage, j'ai l'impression (peut-être à tort) que beaucoup de choses ont été laissé de côté, des rôles ont été raccourci. Rien qu'au niveau du casting, tu n'engages pas William Petersen et Bryan Cranston pour faire des silhouettes (j'ai même pas reconnu Petersen). Et puis c'est bardé de sous-intrigues absolument pas développées, de prémisses de scènes pas poussées au bout, de personnages à peine esquissés (Tim Blake Nelson). Je n'aime pas cette expression mais on a un peu le sentiment d'un film malade, gentiment réactionnaire (horrible scène où les profs se remèmorent le bon vieux temps où les parents venaient aux rencontres parents/profs).

Et du coup comme rien n'est suffisamment exploré cela donne au film un sentiment de grossièreté absolument rédhibitoire. Son discours social à peine effleuré est incompréhensible avec ces jeunes abrutis, ultra agressifs, gratuitement violent, provocants etc... On peut ne pas aimer Entre les Murs mais le film prenait le temps de filmer une classe, de dilater les scènes pour voir où elles allaient et ça permettait de créer un discours (avec lequel on adhère ou pas). Or là tout est passé à la moulinette du montage, on montre un prof en pleurs et c'est suivi d'un flash-back bien racoleur où l'élève lui crache à la gueule. Tout ça ne fait absolument pas sens et se contente de sa propre autosatisfaction complaisante. Un magnifique point godwin doit d'ailleurs être attribué au film quand le discours d'un prof au bout du rouleau en voix-off se modifie doucement pour se transformer en la voix d'Hitler et qu'à l'image on voit Hitler et des croix gammées (car en fait c'est un documentaire que regardent les élèves en cours d'histoire). C'est ce genre de raccourcis ultra vulgaires qui n'ont aucun sens si ce n'est celui de mélanger tout et n'importe quoi et de s'en frotter les mains qui font la structure du film.

La mise-en-scène est à l'image du film. Bordélique, sans rigueur aucune. On fait des contre-plongées violentes, des zooms, intempestifs, des grand angles pas justifiés, on tourne en N&B et Super 8, on fait des effets d'accélération, on fait (idée ridicule d'ailleurs) des animations à la craie sur un tableau noir que l'on insère absolument n'importe comment dans le film... On le sent totalement perdu Tony Kaye, incapable de prendre parti, de prendre une décision, alors tentant à peu près tout et n'importe quoi. Sans succès.

Mais malgré tout il y a cette sous-intrigue où Adrian Brody "sauve" de la rue une prostituée mineure et soudain il y a un petit truc, des petites touches très sensibles apparaissent ça et là et parviennent à être émouvantes (grâce notamment à la jeune actrice très douée). Mais c'est aussi gâché par un trauma ultra vulgos (révélé à base d'image Super 8, comme c'est original) du personnage de Brody.

Et au final ce qui fait que le film n'est pas entièrement détestable c'est que ce gros bordel qu'il constitue est finalement à l'image de ce qu'il a à dire. C'est le bordel partout, dans nos vies, dans nos écoles, dans la jeunesse. Il n'y a pas de solution, on est pas un mais on est multiples, déchirés entre milles sentiments, entre la colère et la douceur, entre l'envie d'aider et l'égoïsme etc... Et là finalement sous cet angle là, le film trouve une certaine grâce, un certain charme du déséquilibre, de la rupture, du collage.

Drôle de film donc, dont on se demande comment il a pu réunir un casting comme ça (James Caan, Christina Hendricks, Lucy Liu...) avec aussi peu à offrir, à jouer. Il reste assez plaisant à regarder, on ne s'ennuie pas mais on ne peut s'empêcher en sortant de la salle, de penser que c'est quand même un objet parfaitement, intégralement raté.

1/6

Auteur:  Baptiste [ 02 Fév 2012, 16:08 ]
Sujet du message:  Re: Detachement (Tony Kaye - 2012)

J'adore comment ta signature Bela Tarr donne l'impression de coucher sous tes textes!

Auteur:  Cosmo [ 02 Fév 2012, 16:20 ]
Sujet du message:  Re: Detachement (Tony Kaye - 2012)

J'avais bien aimé Lake of Fire (son docu sur l'avortement) mais je trouve American History X ultra surfait.

Auteur:  DPSR [ 02 Fév 2012, 16:30 ]
Sujet du message:  Re: Detachement (Tony Kaye - 2012)

Art Core 2012: Un jour, une daube.

Auteur:  Art Core [ 02 Fév 2012, 17:03 ]
Sujet du message:  Re: Detachement (Tony Kaye - 2012)

Oui c'est clair. Là j'ai du temps pour aller au ciné souvent et c'est bien ma veine il y a rien...
Je compte sur le Kawase pour faire remonter le niveau là.

Auteur:  DPSR [ 02 Fév 2012, 17:22 ]
Sujet du message:  Re: Detachement (Tony Kaye - 2012)

Art Core a écrit:
Oui c'est clair. Là j'ai du temps pour aller au ciné souvent et c'est bien ma veine il y a rien...
Je compte sur le Kawase pour faire remonter le niveau là.


T'as qu'à en profiter pour voir des classiques que t'as jamais vu sur grand écran au quartier latin genre Bad lieutenant au grand action, ils prennent tous les cartes.

Auteur:  Art Core [ 02 Fév 2012, 21:50 ]
Sujet du message:  Re: Detachement (Tony Kaye - 2012)

Oui, oui je sais bien et j'y vais d'ailleurs (vu un Robert Wise cette semaine à la filmothèque) mais bon c'est pas comme ça que je vais te rattraper au top 2012 ;) !

Auteur:  Baptiste [ 03 Fév 2012, 00:42 ]
Sujet du message:  Re: Detachement (Tony Kaye - 2012)

A cet égard la carte UGC est un véritable piège! On enquille les films pour en avoir le plus possible à son tableau de chasse de l'année, quand il serait carrément plus profitable d'aller se taper toutes les ressorties dans le quartier latin. J'avais opté pour la première attitude les deux premiers mois de 2011 avant de complètement changer pour la seconde maintenant. Et je ne regrette vraiment pas.

Auteur:  Film Freak [ 03 Fév 2012, 00:47 ]
Sujet du message:  Re: Detachement (Tony Kaye - 2012)

L'un n'a pas grand chose à voir avec l'autre.

Auteur:  Film Freak [ 04 Fév 2012, 02:13 ]
Sujet du message:  Re: Detachment (Tony Kaye - 2012)

Je comprends globalement tout ce que dit Art Core mais je crois justement que c'est ce côté foutraque qui m'a séduit, aussi démonstratif soit-il avec ses flashbacks en 8mm et son interview face caméra du personnage de Brody et ses projections mentales sous forme de dessins à la craie sur un tableau et ses gros plans abusifs, ce sont des trucs qui m'auraient peut-être gêné ailleurs si je ne trouvais le film aussi habité, aussi vénère en fait.
Je trouve que le propos se dégage assez bien, moi, sur cette volonté du prof de se "détacher" de l'horreur du monde, caractérisée ici par le problème de l'éducation, et sa relative incapacité à le faire, parce qu'il est justement trop en colère au fond et quand il laisse exploser sa rage, je trouve assez puissant. On retrouve finalement un peu d'American History X (qui était tout de même plus maîtrisé dans la forme mais plus conventionnel aussi) dès lors que ça parle de colère, de la propagande à laquelle il faut résister, etc.
Et c'est pas réac du tout, c'est juste un constat d'échec, de l'abandon et de l'incompétence des parents. Ce sont eux qui prennent le plus cher ici, sans être omniprésent, et j'aime assez ce discours-là.
Les acteurs sont bons, avec un Brody charismatique et poignant en tête, et une révélation pour la jeune prostituée.

4/6

PS : le prochain film de Kay s'appelle...Attachment (thriller érotique avec Sharon Stone).

Auteur:  Film Freak [ 04 Fév 2012, 02:14 ]
Sujet du message:  Re: Detachement (Tony Kaye - 2012)

Cosmo a écrit:
J'avais bien aimé Lake of Fire (son docu sur l'avortement)

Très envie de le voir.

Auteur:  Billy Hayes [ 05 Fév 2012, 16:51 ]
Sujet du message:  Re: Detachment (Tony Kaye - 2012)

Film Freak a écrit:
Je comprends globalement tout ce que dit Art Core mais je crois justement que c'est ce côté foutraque qui m'a séduit, aussi démonstratif soit-il avec ses flashbacks en 8mm et son interview face caméra du personnage de Brody et ses projections mentales sous forme de dessins à la craie sur un tableau et ses gros plans abusifs, ce sont des trucs qui m'auraient peut-être gêné ailleurs si je ne trouvais le film aussi habité, aussi vénère en fait.
Je trouve que le propos se dégage assez bien, moi, sur cette volonté du prof de se "détacher" de l'horreur du monde, caractérisée ici par le problème de l'éducation, et sa relative incapacité à le faire, parce qu'il est justement trop en colère au fond et quand il laisse exploser sa rage, je trouve assez puissant. On retrouve finalement un peu d'American History X (qui était tout de même plus maîtrisé dans la forme mais plus conventionnel aussi) dès lors que ça parle de colère, de la propagande à laquelle il faut résister, etc.
Et c'est pas réac du tout, c'est juste un constat d'échec, de l'abandon et de l'incompétence des parents. Ce sont eux qui prennent le plus cher ici, sans être omniprésent, et j'aime assez ce discours-là.
Les acteurs sont bons, avec un Brody charismatique et poignant en tête, et une révélation pour la jeune prostituée.

4/6

PS : le prochain film de Kay s'appelle...Attachment (thriller érotique avec Sharon Stone).


Critique pour le site?

Auteur:  Film Freak [ 06 Fév 2012, 00:35 ]
Sujet du message:  Re: Detachment (Tony Kaye - 2011)

Presque une semaine après? Est-ce bien nécessaire?

Auteur:  Billy Hayes [ 06 Fév 2012, 08:25 ]
Sujet du message:  Re: Detachment (Tony Kaye - 2011)

Allez stp...

Auteur:  Film Freak [ 06 Fév 2012, 11:35 ]
Sujet du message:  Re: Detachment (Tony Kaye - 2011)

J'ai Zarafa à écrire pour mercredi et Dos au mur pour la semaine d'après et j'ai deux projos cette semaine et deux autres celle d'après...

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