Un petit village du Nord de la France. Elisabeth, presque quatorze ans, est la fille des coiffeurs du bourg. Depuis plus de trois ans, en cachette, elle se rend tous les matins chez Marcel, quarante ans, un homme muet qui travaille comme jardinier au château et que les villageois disent simple d'esprit. Dans la bulle close de leur amitié, Elisabeth et Marcel ont leurs rites, leurs jeux, leurs habitudes. Leurs querelles aussi, vite oubliées, vite pardonnées. Mais un jour, Elisabeth, qui joue de l'orgue à l'église, passe le concours du Conservatoire, qu'elle réussit brillamment. Elle va devoir quitter le village, et Marcel qui l'aime si fort...
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J'ai souvenir d'avoir essayé de lire un livre de Billetdoux il y a quelques années, Mes nuits sont plus belles que vos jours, qui m'était tombé des mains, il faudra sans doute que je retente... Avant sa carrière de journaliste et écrivain elle avait débuté dans le montage au cinéma, cependant ce film est son seul et unique essai dans la réalisation. Sans dire que c'est La nuit du chasseur caché du cinéma français, c'est une petite merveille: autant dans le portrait d'une relation à la fois déboussolante et simple, traitée de manière très franche, que dans celui de l'ennui apparent du monde rural et de ses à côté nourris par le secret et le trouble. L'Effrontée de Miller que j'aime bien prend un méchant coup à la découverte d'un tel film, qui se rapproche des réussites américaines de Mulligan dans ses portraits d'enfances.
Toutes les scènes de "couple" chez Kinski sont incroyables, en particulier celle de la danse en jupons. Magnifique séquence aussi où l'enfant réalise tout un aspect de sa relation avec cet homme en récitant devant sa classe un poème en allemand signé Heinrich Heine. Le chef op spécialisé dans les films érotique dans les seventies sort clairement du naturalisme dans sa captation des décors, qui prennent une dimension presque fantastique. C'est exemplaire, jusque dans les évolutions du scénario qui auraient pu être calamiteux. Kinski est excellent en idiot du village muet et ambigu, suscitant compassion des habitants et une légère gène, véhiculant avec lui tous les refoulés des campagnes à la Libération. Très, très beau.
