Bab el hadid (الحديد) en VO.
Madbouli, propriétaire du kiosque à journaux de la gare centrale du Caire, découvre un vagabond boiteux, Kennawi, et l’engage comme crieur de journaux. Entre les trains et les stations, les destins de toute la communauté composant la gare vont se croiser autour de lui...
Toujours le même trip : les dix premières minutes, impression que ce sera raté pour cette fois. Et puis, d'une manière que je n'arrive pas à comprendre, et bien qu'elle soit centrale et omniprésente, la question politico-sociale n'écrase jamais la fiction. Pour moi qui ait commencé Chahine par la fin de sa filmographie, c'est un peu surprenant de le voir, en remontant vers ses débuts, être un peu plus sérieux : moins de mélanges de genres ou de kitsch décomplexé, même si ce cinéma conserve tout son côté cash et cru (dès les premières secondes, la découverte des photos dans la cabane de Kennawi et la voix-off qui annonce tranquillement "j'ai compris ce jour-là que c'était un obsédé", lâché comme ça, direct, sans se poser de question...). Bref, on retrouve donc quand même fatalement quelque chose propre au cinéma de l'époque, qui tient à la fois du baroque discret et du film à thèse, ou encore d'un cinéma à "scènes", alors que j'aime aussi Chahine pour sa capacité à faire des films de pure continuité, flux ininterrompu dont la puissance ne tient qu'au mouvement d'ensemble.
Mais pas d'inquiétudes, ces caractéristiques peut-être moins personnelles n'empêchent en rien la puissance de son cinéma de s'étendre, et même d'imprimer un goût nouveau à la forme de l'époque. C'est toujours la même folie narrative, la même force émotionnelle, la même énergie trempée de sensualité, et voir ce style en or mêlé au genre du film d'horreur (M le Maudit est omniprésent, et pourtant hyper bien digéré) donne un résultat inattendu et hyper rafraichissant, passionnant. Toute la dernière demi-heure est un climax continu tétanisant de beauté, et mon dieu, quelle fin !
Quatre Chahine, quatre sans-faute, une force de cinéma dont je ne trouve pas d'égal ailleurs, je crois que c'est désormais officiellement un de mes cinéastes préférés. C'est juste génial !
