Quelque part sur un plateau isolé. Johann a repris la ferme de son père. Il y consacre tout son temps et toute son énergie.
Avant l’hiver, une grange pleine de fourrage brûle, faisant basculer l’équilibre fragile de son exploitation.
Johann se replie sur lui-même. Prisonnier de son héritage, il continue à accomplir les mêmes gestes et tente d'aimer comme il peut l'univers dans lequel il vit, sans pouvoir s'attacher aux êtres qui l'entourent, au moment même où ce monde est sur le point de disparaître.
Les réalisateurs de documentaires n'en finissent plus de chroniquer la mort du monde paysan. John Shank est évidemment sincère voire probablement concerné dans sa démarche, il faudrait cependant lui dire qu'il ne faut pas charger absolument la mule d'une tristesse totale et d'une désolation infinie. Il utilise la plupart de ses acteurs dans un registre qu'on connait déjà d'eux le regard volontaire de Rottiers, le côté perturbé de Loiret-Caille (dont on en commence à avoir franchement marre), accumulant les postures prostrées comme si tout le monde allait rendre son dernier râle et où les quelques rares dialogues semblent surtout là pour donner du relief à d'omniprésents silences. La photo est très belle, quelques scènes sont réussies (surtout auteur du feu), mais Shank mène sa barque comme on mène un troupeau à l'abattoir.
2/6