Quinze ans après son Looking for Richard, Pacino retourne au documentaire hybride sur le théâtre, sur ses doutes de créateur, sur la vie d'Oscar Wilde et en particulier sa pièce Salomé (par ailleurs un des opéras contemporains les plus joués aujourd'hui) avec dans le rôle titre Jessica Chastain, filmée avec bienvaillance et particulièrement charismatique sur scène, à une époque où elle était encore inconnue du grand public. L'ensemble est plaisant mais proche du collage brouillon, geste cinématographique plus qu'autre chose, marchant beaucoup sur le mélange de candeur et de narcissisme de Pacino, qui signe des autographes devant la maison londonienne de Wilde, puis interviewe Bono (bon, Gore Vidal aussi) qui balance des platitudes sur l'auteur, puis demande à Chastain d'interpréter la danse de Salomé, celle qui lui permettra de demander au roi Hérode ce qu'elle veut, la mort de l'homme qu'elle aime mais qui éconduit ses avances, nue (ce qu'elle exécutera dans une longue scène sensuelle de deux minutes). Paradoxalement, on a l'impression que le film a été fait dans l'urgence, Pacino pestant pendant tout le film sur le fait qu'il a seulement cinq jours pour tourner un documentaire sur la pièce qu'il est en train de jouer à Los Angeles... Or cette production date de 2006. Et nous sommes en 2011, ce qui en fait un sacré film de feignasse.
4/6