Une jeune étudiante cause la mort d'une femme et d'un enfant lors d'un accident tragique, laissant un père de famille dans le deuil. Au même moment, une deuxième réplique de la planète terre fait mystérieusement son apparition dans le ciel, non loin de la lune.
Ce film est une bouffée d'air frais.
Mais il faut savoir d'emblée à quel point je suis blasé par le blockbuster américain du moment qui n'arrive plus du tout à m'impressionner. C'est un cinéma que je trouve flemmard en ce moment, trop content de se vautrer dans son confort. Alors quand je tombe sur un film a très petit budget qui est bien foutu, avec un sujet en or, je retrouve mon émerveillement perdu.
Donc voilà, dans son modeste appareil, Another Earth est un film très bien foutu. J'ai craint au départ avoir affaire à un film "Sundance" de plus. Mais le film trouve une portée qui va au-delà du cercle des apprentis cinéastes. En tout cas, le film n'a pas le côté froid et détaché que l'on peux retrouver dans les premières oeuvres indépendantes qui veulent épater. Il se révèle d'ailleurs franchement émouvant par moment (toutes ses scènes tissant une relation entre le père endeuillé et la responsable de l'accident sont assez poignantes). Il faut dire aussi que la concision du scénario (co-écrit par l'actrice principale Brit Marling) aide à ne pas diluer l'émotion que l'on pourrait y trouver. Dans les premières minutes du film, on entre dans le vif du sujet assez rapidement et on en sort jamais. Si bien que le film passe comme une lettre à la poste, et on a jamais le temps de s'ennuyer. Difficile de ne pas être fasciné par l'idée de trouver au ciel une copie de la planète terre (ce qui implique bien sûr la possibilité qu'un clone de chacun de nous puisse y exister). Le film traite bien sûr de la seconde chance. Comment continuer à vivre avec cette idée d'un autre espace, d'un autre "nous", surtout quand le "nous" original est miséreux, et endeuillé.
Pour moi, c'est clairement le film le plus intéressant de l'été (avec Tree of Life bien sûr). Bon, ce n'est pas un film qui va réussir à plaire totalement aux réfractaires de "Sundance". Certains seront rebuté par cette caméra à l'épaule aux zooms insistants qui camoufle un certain manque de vision de la part du cinéaste, ou par la photographie fauché et granuleuse qui n'est pas sans rappeler l'austérité du Winter's Bone de Debra Granik. Mais le réalisateur/scénariste/monteur/directeur-photo Mark Cahill utilise les limites de son budget d'une manière hyper créative, en faisant de cette photo austère, délavé et bleuté, un moyen de donner à notre monde un aspect quasi lunaire, froid et vide, en phase avec les personnages principaux.
À noter que les acteurs sont géniaux. Brit Marling est la révélation du film. D'une beauté à faire damner en tout cas. Son énergie et son côté touche a tout (elle est scénariste) fait un peu penser a celui de Sarah Polley. Et William Mapother (le cousin de Tom Cruise qu'on a pu voir brièvement dans In the Bedroom et Minority Report) est un acteur trop rare. C'est fou que ce type n'ait pas eu plus de rôle. Il a un charisme de fou.
Ah oui, la musique qui parcourt le film est de Fall On Your Sword. C'est de l'électro assez planant. Un ingrédient heureux à ce film.
Le film est loin d'être un chef-d'oeuvre du 7e art, mais c'est en tout cas un film très surprenant d'un cinéaste à d'une scénariste/actrice à surveiller.
4/6
http://youtu.be/N8hEwMMDtFY