Révolution mexicaine, 1917. Le général Reyes, à la tête des insurgés, s'éprend de Beatriz, la fille d'un des hommes riches de la ville qu'il vient d'envahir. Celle-ci, colérique et caractérielle, le rejette immédiatement...
Ça débute par le combat, immédiat, qui tient lieu de générique singulier et sans préambule, à l'image de la passion amoureuse qui va frapper de plein fouet le général venu s'emparer de la petite ville. Le film, plus fort et plus investi que La villageoise, fonctionne un peu tout le temps comme ça, par "coups" et scènes mises en avant, dans un grand mélange de ton (dur de dire à quel genre il appartient), ce qui fait sa force et sa faiblesse. Parce que ca peut très vite partir en vrille : quand il est univoque, à fond sur un axe, ça tombe souvent dans le cliché bas de gamme (discussions théologique/politique pesantes, déclarations d'amour interminable digne d'une bluette, comique forcé et crispant). Lorsque le mélange est préservé, ça fonctionne par contre très bien, utilisant tout emmêlés les éclats de lutte armée, des mises à mort, de l'espièglerie de la romance, du tragique passionnel, ou même du lyrisme religieux pour faire avancer son récit. Ne serait-ce que scénaristiquement : par ce trio de personnage égaux (général-bourgeoise-prêtre), et justement parce que ce n'est pas un triangle amoureux, le film fait preuve d'une fraicheur bienvenue. Alors bien sûr, idéologiquement, il en ressort un beau bordel (de l'amour du christ comme terrain de rencontre un peu hardi entre révolutionnaires et bourgeois jusqu'à la glorieuse image finale qui fera pâlir plus d'une féministe...), mais c'est pas bien grave.
Je retiens surtout, au-delà d'une héroïne bien charismatique, de très belles scènes isolées (notamment les musicales, comme dans La villageoise d'ailleurs : une première visite à l'église surprenante, ou encore la sérénade apaisée et mélancolique ; plein de beaux passages). Et ça me gave de n'avoir sous la main qu'un DVD à la copie honteuse (si quelqu'un a mieux...) : la photo du film déboîte.