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La Conquête (Xavier Durringer, 2011)
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Auteur:  Film Freak [ 18 Mai 2011, 21:11 ]
Sujet du message:  La Conquête (Xavier Durringer, 2011)

On peut le lire un peu partout, les créateurs de La Conquête sont très fiers d'être les premiers en France à avoir osé faire ce genre de film : un regard dans les coulisses de l'accès au pouvoir d'un homme politique ayant réellement existé, qui se trouve être qui plus est l'actuel Président au pouvoir. Si quelque part on se réjouit effectivement que des scénaristes, réalisateurs et producteurs français s'aventurent sur un terrain jusqu'à présent vraisemblablement réservé aux anglo-saxons, gardant les vrais noms, grimant ses acteurs pour qu'ils ressemblent aux personnes réelles, force est de constater que l'exercice de MM. Durringer, Rotman et Altmayer ne va pas beaucoup plus loin. A l'instar d'un film récent similaire, The Social Network - auquel La Conquête avait déjà volé l'idée de son teaser - concentré lui aussi sur l'ascension en quelques années d'une figure controversée, le scénario semble s'inspirer de Citizen Kane, théorisant à Nicolas Sarkozy un "Rosebud" nommé Cécilia. Sarko gagne l'Elysée mais perd sa femme. Cependant, jamais le film ne parvient à rendre son protagoniste complexe, la faute à un traitement superficiel. On se rappelera un autre point de comparaison, le W. d'Oliver Stone, qui, bien qu'imparfait, attaquait de plein fouet les angoisses de son Président. Ici, tout semble relégué au second plan d'un récit qui préfère enquiller les scènes très courtes où le seul intérêt semble être de montrer des hommes politiques jurer et traiter Sarkozy de "nain", de "merde", etc. Certains bons mots font mouche mais dans l'ensemble, on se croit davantage au cirque qu'au cinéma. Une approche humoristique assumée si l'on en croit la bande originale digne des Bouglione ou de Pinder mais cette légèreté tend franchement à la grossièreté. Ajoutez à cela les dialogues péniblement didactiques du documentariste Patrick Rotman, habitué des sphères politiques, et la mise en scène absolument inexistante de Xavier Durringer, sans oublier les performances certes réussies mais trop chargées en mimiques, et vous obtiendrez un film qui s'apparente plus à un docu-fiction qu'à autre chose. Il n'y a beaucoup de cinéma dans La Conquête. Les créateurs se vantent de faire dans l'inédit mais ils ont juste transposé sur grand écran le genre de tentatives paresseuses et peu pertinentes qui était jusqu'à présent réservé au petit écran en France.

2/6

Auteur:  sponge [ 18 Mai 2011, 21:14 ]
Sujet du message:  Re: La Conquête (Xavier Durringer, 2011)

Film Freak a écrit:
Il n'y a beaucoup de cinéma dans La Conquête


*pas
Je dis ça au cas où ça se retrouverait sur le site.

Auteur:  Tetsuo [ 19 Mai 2011, 06:35 ]
Sujet du message:  Re: La Conquête (Xavier Durringer, 2011)

Ahlala... quel gâchis.

Auteur:  Marlo [ 19 Mai 2011, 09:07 ]
Sujet du message:  Re: La Conquête (Xavier Durringer, 2011)

Ne t'inquiète pas, on fera sûrement un nouveau film sur sa victoire en 2012 !

Auteur:  Film Freak [ 19 Mai 2011, 09:12 ]
Sujet du message:  Re: La Conquête (Xavier Durringer, 2011)

Marlo a écrit:
Ne t'inquiète pas, on fera sûrement un nouveau film sur sa victoire en 2012 !

Moi je veux un biopic Chirac. C'est le meilleur perso du film.

Auteur:  Baptiste [ 19 Mai 2011, 09:38 ]
Sujet du message:  Re: La Conquête (Xavier Durringer, 2011)

Moi j'ai trouvé ça pas si mal mais c'est vrai qu'il manque clairement un développement plus poussé sur ce qui est présenté comme le coeur du problème: sa relation avec Cecilia. On ne comprend pas tout à fait celle-ci lorsqu'elle part, et ça devient assez banal ensuite quand l'on croit comprendre qu'elle le quitte par fatigue des médias et du pouvoir. Il aurait fallu un peu plus creuser cet aspect-là, le plus intéressant.
Sinon, le film prend le parti de la comédie, c'est un choix qui se tient même si au final, Sarkozy en ressort vraiment grandi, je trouve. Il apparaît finalement très sympathique, mégalo, ok, mais sympa, le pouvoir c'est plus fort que lui, de toute façon lui au moins est libre, etc. D'autant plus que le visage de Podalydès adoucit quand même beaucoup l'homme réel. Ici il apparaît vraiment comme un petit garçon, touchant, pas vraiment corrosif. Quand on voit le vrai Sarkozy, on se doute qu'il va beaucoup plus loin que le personnage.
Ceci dit, on passe quand même un bon moment, on apprend quelques petites choses, pas des masses non plus, mais c'est plaisant, avec quelques vraies bonnes scènes. La séquence où Cecilia et Sarkozy se rencontrent sous leurs parapluies respectifs, pour, sans un regard, repartir ensemble est saisissante.
Ça fait quand même du bien qu'on parle des hommes politiques directement dans un film français, et pour ça l'initiative est à saluer.

4/6 indulgent

Auteur:  Film Freak [ 19 Mai 2011, 09:55 ]
Sujet du message:  Re: La Conquête (Xavier Durringer, 2011)

Baptiste a écrit:
On ne comprend pas tout à fait celle-ci lorsqu'elle part

Oui on dirait qu'il manque une scène.

Citation:
Sinon, le film prend le parti de la comédie, c'est un choix qui se tient

J'ai du mal à voir en quoi...pour ça y a les Guignols ou le théâtre des deux ânes...le film a l'occasion de révéler les arcanes du pouvoir mais on préfère filmer des clows. Alors si le grand message caché de Durringer et Rotman c'est "la politique c'est du cirque!", c'est vraiment un point de vue de beauf.

Citation:
même si au final, Sarkozy en ressort vraiment grandi, je trouve. Il apparaît finalement très sympathique, mégalo, ok, mais sympa, le pouvoir c'est plus fort que lui, de toute façon lui au moins est libre, etc. D'autant plus que le visage de Podalydès adoucit quand même beaucoup l'homme réel. Ici il apparaît vraiment comme un petit garçon, touchant, pas vraiment corrosif. Quand on voit le vrai Sarkozy, on se doute qu'il va beaucoup plus loin que le personnage.

Voilà. Le film s'appelle La Conquête mais on ne voit jamais l'animal politique Sarkozy. A part un ou deux moments où il manigance, le film donne l'impression qu'il progresse grâce à l'incompétence des autres (Chirac sur la sortie, Villepin qui se tire une balle dans le pied avec Clearstream et le CPE) et grâce à la présence de Cécilia qui le conseille et l'humanise aux yeux du public...mais ça m'a l'air complètement faux.

Il paraît touchant et humain mais pas grandi, au contraire. Le film semble vouloir dire qu'il n'accomplit rien lui-même. Il est beaucoup plus habile que ça. Accordons au moins ça à Sarkozy.

Citation:
La séquence où Cecilia et Sarkozy se rencontrent sous leurs parapluies respectifs, pour, sans un regard, repartir ensemble est saisissante.

Oui, c'est une des scènes que je sauve, le retour de Cécilia comme on négocie un otage. Ca + le premier plan + le contre-jour au coucher de soleil où Villepin et Sarko apprennent que Chirac se représentera pas, c'est les seuls moments où j'ai eu l'impression d'être devant un film de cinéma et non un article de Wikipédia filmé par un ado anti-Sarko.

Citation:
Ça fait quand même du bien qu'on parle des hommes politiques directement dans un film français, et pour ça l'initiative est à saluer.

Oui mais au final, ce n'est fait que pour la forme parce que le film n'a rien à raocnter. Rien de couillu en tout cas.

Auteur:  Mr Chow [ 19 Mai 2011, 10:45 ]
Sujet du message:  Re: La Conquête (Xavier Durringer, 2011)

Je n'ai pas vu le film encore, mais les avis m'étonnent assez peu. En France, la tradition est très anciennement au satirique pour faire ressortir tout ce "réel caché", à coup d'étalages de petites phrases, balancées par des contacts divers. La preuve avec l'institution du "canard enchaîné", puis Karl Zéro... Les choses ont été grandement structurées comme ça, avec une frontière très flou entre le travail journalistique et le théâtre de guignol, comme si c'était le seul moyen de communiquer sur ce qui est de l'ordre de la vérité parfois inacceptable: sous la forme d'une grosse blague. Forcément ça doit marquer dans la mise en fiction.

C'est ça où le docu-drama figé jusqu'ici (genre le téléfilm sur la mort de Pompidou, qui avait quand même quelques qualités...)

Auteur:  Baptiste [ 19 Mai 2011, 10:59 ]
Sujet du message:  Re: La Conquête (Xavier Durringer, 2011)

Oui voilà, ce côté grand guignolesque s'inscrit dans une tradition. Moi je préfère ça à un truc guindé et prétentieux.

Film Freak a écrit:
Il paraît touchant et humain mais pas grandi, au contraire. Le film semble vouloir dire qu'il n'accomplit rien lui-même.


Oh bah si il est montré comme un bon orateur, comme un mec qui en veut, qui n'a pas peur des puissants, qui a une grande intelligence politique... certes sa femme a de l'influence mais il y a quelques moments où on voit que les idées, c'est bel et bien lui qui les a eues et appliquées. Par exemple quand il dit qu'il s'en fout d'inviter les grands patrons à des cocktails comme le suggère sa femme, mais qu'il veut plutôt aller courir les usines pour gagner des voix à gauche et au FN. C'est lui qui a raison sur ce coup (et dit à sa femme qu'elle n'y connaît rien en politique, un peu abrutement et c'est là où on voit mal pourquoi il a ce changement d'attitude, car la scène d'avant, il est mielleux avec elle). Pareil quand il oriente Guaino pour son discours.

Auteur:  Film Freak [ 19 Mai 2011, 11:10 ]
Sujet du message:  Re: La Conquête (Xavier Durringer, 2011)

Baptiste a écrit:
Oui voilà, ce côté grand guignolesque s'inscrit dans une tradition. Moi je préfère ça à un truc guindé et prétentieux.

Moi j'aurai préféré un truc avec plus de poids et plus de force. Si je veux voir des imitateurs dire de sgros mots sur du sous-Nino Rota, je regarderai Canal+.

Citation:
Oh bah si il est montré comme un bon orateur, comme un mec qui en veut, qui n'a pas peur des puissants, qui a une grande intelligence politique..
.
Je trouve pas qu'on la voit cette intelligence politique.

Citation:
certes sa femme a de l'influence mais il y a quelques moments où on voit que les idées, c'est bel et bien lui qui les a eues et appliquées. Par exemple quand il dit qu'il s'en fout d'inviter les grands patrons à des cocktails comme le suggère sa femme, mais qu'il veut plutôt aller courir les usines pour gagner des voix à gauche et au FN. C'est lui qui a raison sur ce coup

Le coup des usines et des voix de gauche et du FN, ce sont ses Sarko-boys qui lui suggèrent.

Citation:
Pareil quand il oriente Guaino pour son discours.

Ca, oui.

Auteur:  Baptiste [ 19 Mai 2011, 11:47 ]
Sujet du message:  Re: La Conquête (Xavier Durringer, 2011)

Citation:
Le coup des usines et des voix de gauche et du FN, ce sont ses Sarko-boys qui lui suggèrent.


Eux font le job d'application de l'idée, avec la carte électorale et les déplacements dans telles régions, etc. Mais la philosophie de base consistant à dire que la gauche d'aujourd'hui n'est plus en phase avec son ancien électorat, c'est Sarko et Guaino ensemble qui l'ont trouvée. Et puis, in fine, les Sarko-boys sont issus d'un esprit que le chef leur inculque, on peut pas vraiment séparer et isoler les têtes pensantes.

Auteur:  Film Freak [ 19 Mai 2011, 11:49 ]
Sujet du message:  Re: La Conquête (Xavier Durringer, 2011)

Baptiste a écrit:
Citation:
Le coup des usines et des voix de gauche et du FN, ce sont ses Sarko-boys qui lui suggèrent.


Eux font le job d'application de l'idée, avec la carte électorale et les déplacements dans telles régions, etc. Mais la philosophie de base consistant à dire que la gauche d'aujourd'hui n'est plus en phase avec son ancien électorat, c'est Sarko et Guaino ensemble qui l'ont trouvée. Et puis, in fine, les Sarko-boys sont issus d'un esprit que le chef leur inculque, on peut pas vraiment séparer et isoler les têtes pensantes.

Oui mais tout ça c'est pas ce que le film montre.
Dans le film, ce sont les Sarko-boys qui rapportent à Sarko des résultats de sondages et autres études et idées, en disant "ouais faut récupérer les votes de gauche et du FN en parlant insécurité et en allant dans les usines" et c'est Cécilia qui lui dit "il faut être transparent et faire du jogging", et lui le fait.

Comme il est dit dans le film, "elle décide, il exécute".

Auteur:  Baptiste [ 19 Mai 2011, 12:12 ]
Sujet du message:  Re: La Conquête (Xavier Durringer, 2011)

Ah il me semble que certains passages montrent clairement que la volonté de faire du populisme de gauche vient de Sarko, qu'il incarne cette idée parce que c'est son tempérament, de tout centraliser sur lui. Après, il est possible que je me trompe.

Auteur:  Mr Chow [ 20 Mai 2011, 22:47 ]
Sujet du message:  Re: La Conquête (Xavier Durringer, 2011)

Cette "Conquète" commence comme une chronique politique sous forme de resucée du cinéma dialoguiste franchouille des années 50/60, puis passe progressivement à une dimension plus romanesque et mélancolique. Mineur mais pas détestable, grâce à quelques jolis moments de suspensions au milieu de la machine, et à un dernier plan assez chouette notamment. C'est globalement assez sympa, rythmé et divertissant si on s'intéresse à tout ça, malgré son point de vue dérisoire et son portrait très discutable d'un Sarkozy attachant, à la fois roublard et enfantin, écrasant tous les croulants sur son passage... Podalydès est très bon.
Villepin peut préparer un procès en diffamation contre le film s'il gagne Clearstream, tellement il est schématiquement à charge...

Auteur:  Baptiste [ 21 Mai 2011, 00:41 ]
Sujet du message:  Re: La Conquête (Xavier Durringer, 2011)

Ouais, j'en reparlais avec des potes aujourd'hui et c'est clairement un film inconséquent. J'ai déjà oublié sa saveur et ses rares saillances, c'est mauvais signe. J'abaisse ma note à 3,5 (pas plus bas car dans le rythme et la construction il y a des qualités certaines).

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