Chagrins d'amour en VF
John Carteret, vieil homme veuf, recueille la nièce de son ancienne épouse, une fillette de cinq ans. Celle-ci grandit, et finit par ressembler étonnamment à sa tante... Alors que la guerre approche, la jeune fille fait la rencontre d'un mystérieux étranger venu d'Amérique.
Mauvaise pioche, c'est décidément un réal en dents de scies. Troisième version d'une pièce de théâtre dont je connais rien, visiblement très peu aimée en comparaison de l'autre adaptation hollywoodienne de 1932 (c'est proche !), c'est le premier film couleur de Borzage et c'est sa seule véritable réussite : le technicolor est doux, chaleureux et délicat, diffusant un parfum de nostalgie enveloppant, qui épouse à merveille le découpage calme et apaisé.
Mais ce calme, c'est aussi un peu le problème : on se fait globalement chier.
Le film est inégal, alignant quelques scènes simples et réussies (le chant devant les militaires, la première rencontre sur fond de maison hantée) au milieu d'un amas mou de mélo pas inspiré. Le film est régulièrement laborieux, que ce soit scénaristiquement (les scène de pique-nique, une petite torture), ou dans l'imagerie (quelques grosses poussées de kitsch, ou encore les apparitions ridicules de la mariée, qui semblent tout droit sorti d'un muet ignorant qu'on est dix ans plus tard). La seule figure un peu dynamique de cet ensemble, l'héroïne têtue et caractérielle, fond instantanément une fois la romance arrivée - et comme le cast en général est un peu moyen, il reste plus grand monde à qui s'accrocher. En rajoutant au tableau un mélange parlé/chanté extrêmement hasardeux, bah ca nous fait un beau bordel ma bonne dame...
Une connerie, surtout : que le malaise du parallèle entre les couples présent et passé (en particulier la ressemblance entre la nièce et la défunte), qui est un premier temps doucement exploité par le film, se retrouve complètement abandonné façon panique totale après un quart d'heure, alors que c'était clairement là le potentiel du film, son originalité, et son vrai sujet !
Voilà, ca reste agréable à regarder, mais c'est clairement mineur.
3/6