Largo Winch est un jeune PDG riche et beau. Il a un tas de rivaux américains qui ne sortent jamais de leur tour et qui se contrefichent de ce qui se passe à l'autre bout du monde, qui veulent lui plomber (ou piquer) son groupe W. Avouez qu'il y a déjà une matière suffisante pour écrire plusieurs bons thrillers financiers. Alors pourquoi envoyer Winch en Birmanie ? Pourquoi un contexte de guerre civile ? Pourquoi une romance niaise ?
Plutôt que d'adapter les premiers tomes, les scénaristes ont décidé d'adapter les derniers, ceux que je n'ai jamais lus, ceux où Winch est devenu un garçon sage, adulte et avec des principes. Évidemment, dans les premiers, Winch est aussi un PDG rebelle, peu intéressé par les milliards ; il reste néanmoins un golden boy qui aime les Ferrari et les top-models. C'est un personnage des années 80, bien dans l'air du temps. Je ne suis pas très fan de Van Hamme, mais je lui reconnais un certain talent dans le fait de savoir toujours s'adapter à l'époque, de donner au lecteur de 15 ans ce qu'il désire. Aujourd'hui, plus personne n'a envie de voir un connard frimeur, il faut de l'éthique et du développement durable partout, on est passé de Bill Gates patron d'une grosse multinationale à Bill Gates patron d'une fondation, du coup on l'envoie protéger la veuve et l'orphelin. Mais ce que c'est chiant ! J'avoue sincèrement que j'aurais préféré un film purement bling-bling, avec de la coke et des putes, un Simon beauf, et du fric à l'écran !
Marre de ces dialogues à l'eau de rose sur le sens de la vie, de ce personnages plat et sans relief, qui n'a même pas l'aplomb et l'audace du golden boy, de ces seconds rôles ridicules mais pourtant croqués avec le plus grand sérieux (Laurent Terzieff et Sharon Stone font totalement pitié), de cette reconstitution foireuse, et j'en passe. Le premier film n'était pas sans défauts de ce genre, mais c'était un film introductif. Aujourd'hui, on était en droit d'avoir un vrai film de PDG. Avec ce pitch qui voit Largo voulant se débarrasser du groupe dès le début, on a l'impression d'assister à un troisième épisode, à un film qui bouclerait une trilogie. Tout semble avoir déjà été dit, sauf le principal. L'univers pourtant assez riche n'a en deux films quasiment jamais été exploité, comme si les scénaristes avaient bien pris garde de ne pas parler finance (pour ne pas ennuyer le spectateur ?) et de se contenter à la place d'un sous-James Bond à la française, jamais américain (scènes d'action faiblardes, manque d'envergure) et jamais français (aucune personnalité, triste coproduction).
Mal écrit, mal interprété, sans ampleur et sans âme, c'est ce que j'appelle un ratage.
1,5/6 (pour le premier quart d'heure, efficace et alléchant, qui m'a tenu en haleine)
|
