Entre Gennevilliers et New-York, Omar et Emmanuel ne s'épargnent rien pour apporter à l'autre la preuve qu'ils ne s'aiment plus.
Depuis deux ans, le directeur du théâtre de Gennevilliers (quelque chose comme la ville la plus moche du monde) commande à quatre cinéastes des courts avec comme seul impératif que l'intrigue ait un lien plus ou moins vague avec la ville comme toile de fond. Et de plus en plus ces courts avec un budget pour meubler 20 minutes deviennent des films d'une heure quinze sélectionnés dans des festivals, comme si les cinéastes voulaient à tout prix donner de leur nouvelle en salles, quitte à présenter une oeuvre pas très réfléchie, pas très pensée, pas bien finie.
Si ce nouveau film d'Honoré est beaucoup moins pénible que le Lodge Kerrigan avec Géraldine Pailhas, il carbure seulement à la chair fraîche, pléthore de teubs et de boulards à l'appui avec d'un côté François Sagat (un peu empoté à l'écran, celui qui finalement semble le moins à l'aise avec son corps) à Gennevilliers option enchaînage de plans cul dépressifs en rase banlieue, et de l'autre son ex plus svelte à New York option je me branle en full frontal avec Chiara Mastroianni au camescope en écoutant Two door cinema club.
Toute la promo du film a été très centrée sur Sagat, et finalement quand tu le connais un peu dans la vie, mix de timidité et de parano de l'acteur porno en capuche qui rase les murs pour qu'une folasse du marais ne se mette pas à le traquer, impossible de penser que son blog ou même ses premières vidéos chez Citebeur (à l'époque où il n'était pas encore gavé aux stéroïdes ou aux UV pour répondre aux standards des studios américains) dévoilent une facette plus captivante de sa personnalité qu'ici où il se contente un peu de se dépoiler et de poser dans de la virilité chiquée. Je pense que quelque part il doit y avoir une filiation évidente avec la trilogie Morrissey avec Joe Dalessandro appliquée à la vacuité de l'usine à plans cul chez les homos, la douleur du couple quand on a envie de baiser tout le temps etc... Mais le film reste juste un peu lège, surtout du côté New York où les dialogues sont mis en sourdine la plupart du temps pour afficher un bonheur de façade. Pas étonnant que le film n'attire surtout que les gens qui ont envie de voir du cul à l'écran (pas mal de spectateurs filles dans la salle d'ailleurs) et se fasse rejeter par des homos plus mainstream qui kiffent déjà le film pro-adoption avec Julianne Moore et Annette Benning.
Deux moments rigolos: Denis Cooper qui conseille à Sagat d'aller tabasser un teen (allusion totalement gratuite, genre on se refait pas) et un chauffeur de taxi roumain qui se réjouit de la déroute de Sarko aux élections (sachant que le film a dû être mis en boîte il y a au moins six mois).
3/6