Forum de FilmDeCulte
https://forum.plan-sequence.com/

Miel (Semih Kaplanoglu - 2010)
https://forum.plan-sequence.com/miel-semih-kaplanoglu-2010-t13505.html
Page 1 sur 1

Auteur:  Tom [ 04 Oct 2010, 17:45 ]
Sujet du message:  Miel (Semih Kaplanoglu - 2010)

Bal en VO. Curieux de voir ce que donnait l'ours d'or...

Image

Oui, l'affiche, parce qu'il y aucune foutue photo de plateau (mais pourquoi est-ce que ça perdure, cette tradition débile ?) qui rende justice à la tuerie qu'est la photo de ce film.


Yusuf, 6 ans, vit avec ses parents dans un village isolé d’Anatolie. Pour le petit garçon, la forêt environnante est un lieu de mystère et d’aventure où il aime accompagner Yakup, son père apiculteur. Les abeilles se faisant de plus en plus rares, Yakup est obligé de partir travailler plus loin dans la forêt...


L'idée du film, globalement, est d'essayer de reconstituer la façon dont peut être perçu le monde à hauteur d'un tout petit enfant (ce qui est perçu comme angoissant ou dramatique, comme mystérieux, comme apaisant), sans jamais verser dans l'anecdotique ou l'infantilisant. Ça aurait plutôt un petit parfum métaphysique, avec pour totem central la relation mystérieuse au père. Y a une vraie ambition, quoi...

C'est quand même marrant de voir combien on essaie maladivement de vendre ça comme un énième film naturalisto-zen pépère (avec en prime le bonus exotique, genre "regarde, c'est tellement ouzbèke !") quand tout, dans le film, tend vers un onirisme classe et universel. C'est discret, les apparences sont effectivement celles du réalisme, mais il y a toujours une puissance qui transforme les scènes de l'intérieur. J'ai le souvenir, entre autres, d'un plan génial où le gamin traverse tout seul, vu d'en haut et de loin, une forêt totalement silencieuse, chacun des pas résonnant absurdement dans tout l'espace, comme s'il était un petit chaperon épié par tous les loups du coin...

Donc le film n'est pas ce cliché attendu : il certes est lent, il a une dimension contemplative, mais ce n'est jamais une fin en soi, et encore moins une excuse brandie pour rien foutre de son matériau. La photo irréprochable (c'est super beau putain), les cadrages fermement composés, le son plein d'idées discrètes et géniales, la rigueur extrême du tempo interne au plan... tout cet attirail solide irait limite presque plutôt flirter avec une mise en scène façon frères Coen.

Ce qui limite l'ensemble, et qui bloque l'émotion, c'est en fait autre chose : il n'y a pas de mouvement dans ce film. Même si ça doit être peu et discrètement, on aimerait que le film accompagne l'ouverture du gamin, dessine une évolution du rapport compliqué avec la mère (très beau personnage), qu'il ait une trajectoire qui lui donne un sens. Or, les évènements finaux mis à part, tout reste au contraire au niveau de la chronique, comme autant de belles variations sur un motif de base, et cela finit par essouffler le film qui, dans son dernier tiers, subit un coup de mou violent (tout le passage à la foire, là, notamment, où on a juste envie que ca avance).
Ce choix bizarre donne aux évènements une intemporalité (un côté symbolique, millénaire) qui ajoute encore à la classe et au charisme du tout, mais à un moment on a vraiment besoin de souffle qui ne vient jamais, et on peut juger quand même bizarre que le réal choisisse en dernier lieu, pour seul horizon, de se refermer sur l'autisme du gamin, se blottissant avec lui dans la plus pure stagnation.

Le gamin, parlons-en, parce que c'est lui qui permet au film de toujours rester vibrant : ce n'est pas tant l'acteur (qui vu son âge ne doit pas "jouer" grand chose) que la fascination communicative avec laquelle il est filmé qui marche du tonnerre. Au delà de l'aspect cro mignon facile, il y a un mélange qui fonctionne très bien, les yeux d'animaux grands ouverts et le visage complètement fermé, le statisme mêlé aux gestes maladroits, une certaine majesté continue qui constitue le cœur battant du film - et c'est tant mieux, parce qu'il n'y a presque que lui a l'écran. Cet aspect-là, c'est une vraie réussite.


Et j'insiste : c'est super beau, vraiment, y a deux trois plans là-dedans qui sont juste à pleurer (je pense à la scène du rêve, avec la lumière qui tombe au milieu de la forêt, où encore les tous derniers plans, dans les ténèbres, absolument géniaux).



Si vous avez pas peur du lent, n'hésitez pas, ca vaut le coup, et le prix a pas été volé.

4,5/6

Auteur:  DPSR [ 04 Oct 2010, 20:26 ]
Sujet du message:  Re: Miel (Semih Kaplanoglu - 2010)

Et bien tu m'as convaincu j'y vais!

C'était quand même Werner Herozg qui présidait le jury...

Auteur:  Art Core [ 04 Oct 2010, 20:41 ]
Sujet du message:  Re: Miel (Semih Kaplanoglu - 2010)

Je pense y aller aussi, ça a l'air pas mal et puis en ce moment c'est le désert donc ça va pas faire de mal !

Auteur:  Tom [ 04 Oct 2010, 23:48 ]
Sujet du message:  Re: Miel (Semih Kaplanoglu - 2010)

Héhé, la vieille pression !
La direction décline toute responsabilité...

Auteur:  DPSR [ 07 Oct 2010, 13:06 ]
Sujet du message:  Re: Miel (Semih Kaplanoglu - 2010)

Si vous n'êtes pas un ermite édenté abusé dans sa jeunesse ou un handicapé pétomane frustré, vous qui avez un coeur et du goût avez sûrement vu et aimé en début d'année cette merveille de sensibilité qu'est Une vie toute neuve. Ce nouveau drame à hauteur d'enfant, récompensé généreusement par un lion d'or, fait penser à un mix entre Ceylan (pour la lenteur) et Erice (pour la douceur tout en abordant des aspects finalement assez traumatiques de l'existence d'un gosse). Kaplanoglu réussit quelques belles scènes, notamment celle où tu comprends que l'enfant ne sait pas lire, ou encore les scènes en pleine nature mais un certain ennui finit par guetter à cause d'une structure en flashbacks pas très convaincante et un pataugeage dans le répétitif.
3/6

Auteur:  Zaphod [ 16 Oct 2010, 20:06 ]
Sujet du message:  Re: Miel (Semih Kaplanoglu - 2010)

Un film pas franchement folichon, c'est lent, ce n'est pas un défaut en soi, mais ça sonne aussi assez creux...
Il n'y a finalement pas grand chose à raconter, il n'y a pas spécialement d'évolution, bref c'est plutôt pas mal fait mais c'est trop long pour ce que c'est...

Moyen
2/6

Auteur:  Tom [ 17 Oct 2010, 10:47 ]
Sujet du message:  Re: Miel (Semih Kaplanoglu - 2010)

Voilà voilà, vous saurez maintenant que quand je note en fait il faut soustraire 2.

Vas-y Art Core si t'es un homme !

Page 1 sur 1 Heures au format UTC + 1 heure
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
http://www.phpbb.com/