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Assault Girls (Mamoru Oshii - 2009)
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Auteur:  Zad [ 10 Sep 2010, 00:56 ]
Sujet du message:  Assault Girls (Mamoru Oshii - 2009)

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Dans un futur proche, le monde n'est plus qu'un immense champ de bataille virtuel désertique, dévasté par des monstres nommés "Suna Kujira" (Baleines des Sables). Dans ce décor post-apocalyptique, trois chasseuses décident de prendre les armes afin de combattre ces créatures et d'éliminer la plus grande et la plus terrifiante d'entre-elles : Madara Suna Kujira.

J'ai pas vu Sky Crawlers, qui avait l'air cool, et j'avais jamais entendu parler de cet Assault Girls. J'aurais dû me douter que c'était mauvais signe. Film complètement fauchman, Assault Girls est une espèce d'anomalie rigolote, comme si Oshii avait lui-même réalisé une fan-fiction dérivée d'Avalon - le film prend place dans le monde virtuel d'Avalon(f) - sans une thune mais avec beaucoup de sincérité cosplayeuse... Sorti d'une intro bizarre, en plans fixes, quelque part entre la cinématique à l'ancienne, La Jetée et de la kitshitude en fondus enchaînés, on n'a en effet, en gros, affaire qu'à une enfilade de bastons répétitives contre des dragons numériques. Et c'est tout. C'est pas tout à fait déplaisant, parce que Oshii est bien un des rares à savoir quoi faire des images de synthèse, même sans une thune, à savoir intégrer leur grain bien à elles, leur façon d'être à l'image, leur poids, leur envergure, il est un des seuls (le seul?) à savoir les rendre organique à l'image en n'essayant pas de nous les faire passer pour physiquement organiques. Avant leur photoréalisme, il pense à leur imagerie, à leur façon d'être dans le cadre. Les limitations techniques de ses dragons sont sans cesse repensées en fonction du cadre, du découpage, de l'effet iconiquo-kinétique qu'ils vont avoir dans le plan. C'est-à-dire qu'au lieu des les numériser globalement et de leur affecter une routine d'animation générale, il est flagrant que chaque apparition de dragon est repensée par rapport au plan, que le dragon n'est que fragment de dragon dans le plan -- et ainsi d'en revenir finalement à quelque chose qui s'apparenterait aux animatroniques qu'on fabriquait parfois fragmentaires. Chaque apparition numérique est pensée pour les besoins du plan, pour l'action à effectuer dans ses conséquences kinétiques, dans ses conséquences sur l'image. Le découpage, de fait, est un découpage classique, et jamais de caméra numérique embarquée accomplissant des mouvements impossibles, rien de frénétique. La mise en scène, de fait, dans le découpage seul, a quelque chose de très terrien, très patient, qui pourrait être vraiment très beau

Car tout ça a son revers, ici flagrant, qu'à force d'icôniser à tout va, le film se vide tout seul de sa substance. N'ayant rien à raconter, il multiplie les angles sur ses héros et héroïnes, dédoublant parfois la même action sous plusieurs angles iconiques, versant à force dans la pose. C'est le paradoxe du film, qui sur quatre plans t'en livrera un sublime et trois abusés, sinon kitsch, cheap et ridicules, ceci au milieu d'une logique de découpage simple, qui bizarrement survit à ces limitations, bien qu'elle soit entachée par ces plans surnuméraires.

Voilà, il n'y a que ça à dire, que ces considérations plastiques-là. Le film n'a que ça pour lui, de beaux cosplay pour un beau fan-film, avec une belle imitation un peu au rabais du beau grain d'Avalon, la belle classe de son univers assez bien imitée... par le réalisateur d'Avalon lui-même!

Bizarre.

Je me suis bien emmerdé en tout cas.

Auteur:  Zad [ 10 Sep 2010, 13:13 ]
Sujet du message:  Re: Assault Girls (Mamoru Oshii - 2009)

sur un bateau pirate, boucanier

Auteur:  Cyniquotron [ 14 Juil 2021, 00:45 ]
Sujet du message:  Re: Assault Girls (Mamoru Oshii - 2009)

C'est pas exactement qu'une enfilade de bastons en cosplay contre des baleines des sables en CGI fauché.

L'intro avec voix-off sur plans fixes ou illustratifs (ok La Jetée de Chris Marker version kitsch) déroule un discours historique et politique assez complexe, en partant de la réalité comme production de stabilité pour un sujet, on passe par l'opposition entre les deux blocs idéologiques, celui de l'économie planifiée (ex-URSS etc.) et celui du marché libre, et de leur disparition dans le glissement consumériste comme morosité économique, apathie (je crois car il n'y a pas de sous-titre pour ce long monologue en anglais), pour aboutir à Avalon puis cet Avalon(f) avec ce dispositif d'un monde virtuel imaginaire refuge vraiment minimal, 4 joueurs (3 femmes : Gray, Colonel et Lucifer, et un homme : Jäger) dans des beaux cosplays qui doivent dégommer ces baleines des sables un peu ridicules (entre le dragon avec 8 yeux et le ver des sables façon Dune) dans un désert de roches volcaniques.

CGI ultra-fauchés dans un film fauché comme les blés mais en effet attention aux plans iconiques et usage de ces CGI dans les plans.

Il y a deux sortes de boules virtuelles, une grosse au-dessus d'un ensemble de monolithes, incarnation du maître du jeu ou d'un autre truc? C'est expliqué par la voix-off mais on se perd...

Et après des plans de présentation des quatre joueurs, et une longue scène de baston, il ne se passe vraiment rien d'attendu : des plans très longs sur les nuages, un joueur trouve un escargot sur une roche, le pose sur une statue, un autre joueur vient voir l'escargot sur cette statue, etc. etc. Un chien qui jappe à côté de la même statue. Aucun dialogue. Quasiment plus de musique. La moitié du film comme ça presque.

Et rebelote une baston finale où les 4 joueurs s'unissent pour dégommer la dernière baleine à boss du level, un rapide twist et le film est fini. 1h10.

Il faut noter une grande disparité dans les montages des scènes de bastons où les plans s'enchainent très vite, et la durée des plans plus contemplatifs (une constante dans les montages des films d'Oshii mais qui ressort dans ce film vraiment minimal à tous les niveaux).

Et le film est chapitré ! Avec des titres démesurément longs, Chapitre 1 : « Celui qui joue est un Dieu. Seul un Dieu est autorisé à jouer. Le jeu signifie la liberté. Qui est absolument le royaume d'un Dieu. »

Une curiosité ce truc quand même... Le seul film de Oshii que je n'avais jamais vu et je regrette à moitié. Faut souquer pour le voir.

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