Dans les années 60, tout suspecté opposant au régime socialiste était envoyé dans des camps de rééducation en plein désert de Gobi, goulags maoïstes où ils devaient assurer leur propre survie, où la famine les condamnait souvent à finir dans ces mouroirs. Sur 2000 déportés, 300 auraient survécu. Tournage clandestin en plein désert donc par des températures avoisinant parfois les moins 20 qui risque probablement de ne jamais être distribué dans son pays (d'ailleurs la grande majorité du financement est français, d'Arte à la région Alsace), Le fossé est la première fiction de Wang Bing, auréolé d'une réputation très flatteuse de documentariste (A l'ouest des rails, que je n'ai pas vu). Si voilà probablement le sujet choc de la sélection, lente agonie de corps bientôt incapables de se mouvoir à cause de la faim et de la fatigue, allant jusqu'à s'adonner à de la nécrophagie, Wang Bing en fait vraiment des tonnes dans le dolorisme, semblant vouloir en rajouter dans la souffrance pour ajouter à son hommage déjà édifiant aux victimes. Ainsi le seul personnage féminin passe tout son temps hurler de chagrin (alors que la laisser errer dans les sépultures de fortune à la recherche du corps de son mari aurait eu plus de force), ou encore un personnage suffocant dégobille dans la poussière tandis qu'un autre se jette à terre pour manger le vomi. Dommage car le sujet se suffit à lui-même et que les plans dans le désert (qui faisaient déjà une bonne partie de l'intérêt de Meek's Cutoff) époustouflent d'une beauté sèche à couper le souffle.
3/6