T'as fait le conservatoire de danse?

Je viens d'avoir une vision formidable.

Nan mais ça tient du détail en fait...la petite vie de la compagnie, leurs ressemblances, la manière dont elle démonte ses chaussons là pour les recoudre,

quand elle marche sur les bouts de verre là (ou je sais pas quoi)...

c'est pas tant de manière générale que j'ai appris sur le métier de danseuse, mais ce sont ces petits détails, plus intimes, plus triviaux, qui m'ont fait pénétrer dans cet univers (qui, quand même, au premier abord, ne m'intéresse pas du tout), qui ont fait vivre le truc quoi.

J'attends pas du film qu'il me propose une expérience encyclopédique mais plutôt une crédibilité, une véracité au travers de sa représentation...

C'est sans doute justement parce que c'est une mise en scène de fiction - et non une mise en scène plus documentaire comme sur The Company - que ça m'a parlé davantage.

Je viens d'avoir une vision formidable.

Elle se fend juste l'ongle a force de monter sur pointe...

Ce paragraphe mériterai d'être envoyé à Gilles Jobin... ou d'être utilisé comme phrase promo sur des flyers du CND...

Ha mais clairement. En plus on y voit beaucoup moins de passage choregraphiés ou dansés du coup, ce qui doit rendre la chose plus abordable pour quelqu'un qui s'en contre tamponne de la danse.

Oui d'ailleurs Shining c'est raté parce que j'en sais pas plus sur le métier d'écrivain après avoir vu le film.

J'ai appris énormément du métier d'écrivain avec Shining.

Le mot "danse" n'apparaît pas dans cette phrase parce qu'il n'est absolument pas essentiel à l'expression du fond.

Avant le film, tu pensais que ça consisait à à réparer des tuyaux, c'est ça?

Non non, piano et solfège. 8 années de piano, tu arrives à un très bon niveau... et le stress est hallucinant, d'autant que les élèves sont rares à ce niveau. Peu nombreux donc pour se motiver les uns les autres, d'autant que chacun a sa façon de rentrer dans son morceau, chacun médite dans son coin. Tu essaies de faire abstraction du côté compétition, parce que tu galères déjà suffisamment de la compétition avec toi-même... tu as tellement pratiqué, tu t'es tellement exercé, la musique fait partie de toi, tes doigts connaissent la partition... mais au moment d'entrer en scène, tu as l'impression d'avancer dans l'eau, d'être biscornu, monstrueux, différent, à part... et ce sentiment est omniprésent dans le film. Ajoute le pourquoi du comment, tu ne sais plus pourquoi tu fais ça, tu as l'impression d'y avoir consacré trop de temps pour reculer, de n'exister que pour ça, tu repenses à tous les sacrifices, au fait que ça a modifié ta nature, tu entres dans une deuxième peau qui devient presque définitive, c'est même le but. C'est dur.

Quel putain de soulagement quand j'ai tout plaqué. Mais je pense que si j'avais pu jouer ce qui me plaisait, et non ce qu'on m'ordonnait de jouer, je me serais autrement plus éclaté.

En plus on y voit beaucoup moins de passage choregraphiés ou dansés du coup, ce qui doit rendre la chose plus abordable pour quelqu'un qui s'en contre tamponne de la danse.

Tu crois vraiment qu'Aronofsky a choisi un scénario sur la danse au hasard?

Scorsese tourne Raging Bull sans rien connaître de la boxe et en détestant le sport. 30 ans après il reste la référence du genre. Tu juges un peu à l'emporte-pièce.

Non, non, y a un passage où, chaussée, elle écrase des bouts de verre dans un petit bac de sable (avant d'aller danser je crois).

C'est faux. Tu crois vraiment qu'Aronofsky a choisi un scénario sur la danse au hasard? Le milieu l'intéressait probablement pour lui-même.