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Tant qu'on a la santé (Pierre Étaix - 1966)
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Auteur:  Tonton [ 14 Aoû 2010, 19:44 ]
Sujet du message:  Tant qu'on a la santé (Pierre Étaix - 1966)

Pour prolonger les recommandations de DPSR et Marlo, je conseille ce film à sketches de la rétro Etaix, inégal (le dernier, à la campagne, est trop didactique pour vraiment faire rire) mais qui procure pas mal d'éclats de rire.
Il y a tout d'abord une histoire d'insomnie où l'on lit/voit, pour s'endormir, une histoire de Dracula. Pastiche voire parodie des films du genre avec pas mal de jeux sur le film comme impression de lecture, double inventivité de reproduire un film de genre en le massacrant par le biais de la lecture d'un bouquin reproduite en film. C'est drôle et vraiment intéressant comme processus.
Il y a ensuite le cinématographe, sans doute le plus drôle, où l'on commence par entrer dans une accumulation de gags burlesques dans une salle de cinéma pour conclure en entrant dans le champ même de ce que produit l'écran - une pause publicitaire - qui apporte un vent frais de contestation face à la société de consommation galopante.
Il y a enfin - j'écris pas sur le dernier, peu passionnant - le sketch le plus violent. Bon, c'est pas non plus hardcore mais c'est suffisamment dérangeant pour interpeller. Ca continue sur la lancée de la contestation sociétale avec, cette fois-ci, le stress comme leitmotiv. On a droit à plusieurs gags bien fendards (la masse salariale qui court et écrase à toute blinde tout ce qui se trouve sur son passage) mais, surtout, à cette géniale et bien dérangeante idée d'homogénéiser tout le sketch avec une bande sonore faite sans interruption de bruits de ville, klaxons et marteau-piqueur en tête. Ca peut sans doute énerver (mon voisin ne tenait pas en place) et c'est donc réussi.

Et moi de découvrir un artiste français qui ose sans détour mélanger humour burlesque et satire sociale (qui font souvent bon ménage, même si on a vu récemment du bien moins couillu, je pense notamment à Augustin, roi du kung-fu). Content je suis donc.

4,5/6

Auteur:  Mr Chow [ 18 Aoû 2010, 10:43 ]
Sujet du message:  Re: Tant qu'on a la santé (Pierre Etaix - 1966)

Bon l'assemblage paraît hasardeux, surtout à cause du premier sketch en fait, rajouté dans le remontage de 1971, qui est moyen et hors sujet avec le ton du reste... Sinon c'est un régal d'invitivité, sans doute plus expérimental que les longs métrages même du réalisateur, là il se permet beaucoup de choses. Il n'en reste pas moins que ça fait plus foutraque et boiteux à côté de "YoYo", "Le Grand amour" ou "Le Soupirant" qui pourtant déjà s'éclatent avec leurs structures...
Etaix aurait génialement adapté Franquin je crois.

Auteur:  Tom [ 09 Avr 2012, 23:45 ]
Sujet du message:  Re: Tant qu'on a la santé (Pierre Etaix - 1966)

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Quatre courts à l’assemblage un peu hasardeux : L’insomnie, Le cinématographe, Tant qu’on a la santé et Nous n’irons plus au bois.


Etaix m’a l’air plus adapté au format court : plus besoin de soutenir l’enchaînement de gags d’une structure scénaristique, qui dans Yoyo tirait plutôt le film vers une poésie un peu rance. Un simple concept / thématique (voire quelques objets autour desquels tout s'organise) suffit. Mais ça n’empêche pas le tout d’être assez inégal...

Effectivement, le premier court est méchamment en deçà, même s’il part d’une idée prometteuse. Il est rare que l’humour échappe à cette espèce de structure un peu scolaire d’alignement de gags, presque forcés (la fin nullissime…), chacun comme en représentation. Il y a quelques rares exceptions, des choses plus discrètes et plus libres : le coup de la chandelle lancée qui se transmet d’une page à l’autre, la description barbante du château au début… Je préfère largement Etaix quand il est sur ce rythme-là, d’avantage filé, où les idées plus discrètes visent d’avantage à tisser une atmosphère doucement absurde qu’à nous faire rire une à une (ce qui arrive peu : c’est un cinéma spirituel, plus que réellement drôle).

De fait, Etaix est bien plus talentueux quant il crée une situation de chaos qui nous perd, et qu’il manie avec une aisance toute légère (notamment dans le troisième court, dans la scènes des étagères qui se barrent par exemple). Quand on n’a pas le temps d’anticiper, et que l’enchaînement se fait dansé, le côté théâtral/cirque pesant est de force évacué. Ça fonctionne aussi quand l’humour prend une tournure hystérique, au rythme là encore moins évident, notamment dans les charges anti-pub et anti-slogans, qui valent moins pour elles-mêmes (pour ce qu’elles dénoncent) que pour la structure bizarroïde qu’elles entretiennent.

La question n’est pas de nier à Etaix ce qu’il maîtrise avec évidence, ce comique muet voisin de Tati : c’est de la comédie rigoureuse et cinématographique, il n’y a pas à remettre ça en question. Mais je trouve qu’il parvient finalement assez rarement à trouver un réel équilibre entre le gag en sur-représentation et le rythme d’horloger laborieux (où je ressens justement tout le travail, l’idée qu’on développe point par point… C’est assez crispant, et comme le dit oncletom, parfois très didactique).

Marrant, sinon, de voir les français incapables de faire un film fantastique, mais réussir un truc élégant et convaincant quand ils se contentent de parodier le genre, en étant concentrés sur autre chose… A ce stade, ça tient de la névrose nationale.

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