À la base il y a une série de livres très chelous et une BD absolument génialissime, tous écrits par la finlandaise Tove Jansson, mettant en scène cette bande d'espèces d'hippopotames naïfs, insouciants, drôles et aspirants anarchistes. Une espèce de faux kawaïsme pour enfant, hilarant, beau et assez politique en vérité, mais suffisamment kawaï pour que les parents ne se méfient pas. Tellement kawaï que les japonais ont évidemment flashé sur ce phénomène de société en Finlande où tout le monde connaît les Moomins, et en ont tiré une série, que certains ici ont sûrement vue enfants : http://valleedesmoomins.free.fr/tanoshi ... n-ikka.php
et même un film qui a l'air vachement bien, vachement Miyazakien, voyez d'ailleurs l'affiche jap sublime et l'affiche française honteuse cf ici : http://valleedesmoomins.free.fr/moomind ... suisei.php
L'univers est tellement kiffant qu'il y a même eu des contrefaçons genre ce truc russe : http://valleedesmoomins.free.fr/mumidol.php (c'est tellement sous LSD qu'on dirait le truc de schtroumpfs chinois posté par Jiko l'autre jour)
Puis vint le temps d'une adaptation grossière, grosse co-prod européenne, contre laquelle Tove Jansson s'est battue, et est parvenue à bloquer les droits pendant vingt ans : http://valleedesmoomins.free.fr/opowiad ... minkow.php
si j'avais su que la merdasse sortie en salles par KMBO récemment (en même temps, c'est ma faute, je sais bien que KMBO distribue n'importe quoi) était dérivée de cette série, j'y aurais pas mis les pieds.
l'adaptation est en effet honteusement bâclée. Le scénario est absolument plat, sans enjeu, sans intérêt, sans cohérence, je ne pensais pas qu'on pouvait à ce point comprendre à l'envers l'univers de Moomin, en renverser les principes, en trahir autant l'esprit (pour situer, le bouquin au départ s'appelle L'été dramatique de Moomin, le grand écart entre le titre de départ et le titre du film suffit déjà à renseigner sur l'étendue des dégâts...). En gros le travail d'adaptation a consisté à lisser au maximum les ambiguïtés du récit, enlever tout ce qui pouvait être mystérieux ou étonnant, et manichésier le tout, en revenant à ce truc ultra-classique et bête de catégoriser les personnages juste sur leur apparence. Petit May a les sourcils froncés? Alors c'est une peste. Si au moins cette façon de repeindre en noir et blanc l'univers gris de Moomin ramenait à une histoire conne mais simple d'opposition gentils et méchants : mais même pas, le film ne se décide jamais à raconter quoi que ce soit, il dérive, interminable (j'en reviens pas de découvrir qu'il fait 1h14) sur un fil narratif complètement lâche, suivant plusieurs micro-récits vains et chiants, jamais rythmés, jamais inventifs, jamais surprenants, jamais effrayants, jamais drôles (le seul ressort comique étant en gros la misogynie du film). Le DA de l'ennui, quoi, et c'est même pas du Oshii!
Ce qui n'arrange rien, c'est que la mise en scène est elle aussi fainéante au possible. Outre les défauts techniques scandaleux (la lumière est pauvre à crever et la technique de superposition avec des miroirs est tellement mal maîtrisée qu'elle occasionne sur trois quarts des plans des reflets plus que fâcheux, qui annulent l'effet de profondeur recherché), la mollesse du découpage et l'absence d'idées graphiques est flagrante au bout de dix secondes de film : on se tape du gros plan en champ/contre-champ sur des figurines de feutrine assez moches, dans des décors cheap et de toute façon sous-exploités puisque des plans larges y'en a presque pas.
En matière de semi-volume, il suffit de revoir le tchèque Monsieur & Monsieur pour voir à quel point Maria Lindberg se fout du monde.
Et en matière d'adaptation de Moomin, il faut voir cette série russe en volume à tomber par terre : http://valleedesmoomins.free.fr/mumitroll-i-kometa.php (les liens vers les vidéos en streaming sont en bas de page, en cliquant sur les titres des épisodes)
C'est ça qu'il fallait traduire KMBO, au lieu de perdre votre temps à faire un casting voix pourri pour votre faux Moomin honteux!
(ps : l'expo Moomin au centre finlandais est bidon à souhait : trois belles images dans des cadres et quatre peluches ça fait pas une expo les copains)