Un couple d'Anglais va se defaire pour mieux se retrouver a l'occasion d'un voyage a Naples, ou ils se sont rendus pour heriter d'un oncle. (AlloCiné)
Dans le bonus du dvd du Mépris était évoqué ce Voyage en Italie comme une des inspirations majeures de Godard, notamment sur la confrontation entre le monde antique et le monde moderne. Il ne m'a pas fallu plus pour me décider à emprunter le dvd, pour ce qui est mon premier Rossellini (peut-être vu Rome, ville ouverte mais c'était il y a longtemps).
C'est un film sec qui ne dit pas grand chose mais se contente de montrer, laissant au spectateur vivre le récit. Il faut en effet se laisser porter par ses sensations et être attentif à toute la subtilité de la mise en scène sans quoi on sera rapidement ennuyé, vu qu'il ne se passe pas grand chose et que le dialogue se montre volontairement banal et épuré. D'un côté, le mari, admirablement joué par Georges Sanders, vient à Naples simplement pour vendre une propriété tout juste héritée. Souhaitant éviter le malaise permanent qui s'installe entre sa femme et lui, il veut conclure ce voyage le plus vite possible pour retourner travailler à Londres, ou s'exile à Capri pour aller vivre des aventures loin de sa femme. De l'autre côté, sa femme, incarnée par Ingrid Bergman, comprend manifestement le voyage comme une possibilité de renouveau spirituel. Elle met un point d'honneur à visiter la région, ses musées, ses curiosités, afin de faire revivre le lien entre le corps, l'esprit et la nature qu'elle croit avoir perdu dans sa relation de couple bourgeois londonien.
L'éloignement des deux protagonistes finit paradoxalement par les rapprocher, comme en témoigne littéralement la dernière scène où la foule emporte Bergman contre son gré. Il leur a rappelé les sentiments qui composent une relation active, et non mortifère : un peu de jalousie, le désir, l'imaginaire, la sincérité et le respect mutuel.
Un très beau film, plutôt exigeant mais qui rayonne de puissance évocatrice et de simplicité versant dans le primitif. J'en parlais l'autre jour avec Paranoid Park, c'est vraiment ce mélange-là qui me touche le plus au cinéma.
!
