En voilà un film difficile à définir. Le pitch de base fait un peu peur : Un puceau de 40 ans va devenir pote avec une fillette de 8 ans ahem...
Sauf que, et c’est évidemment le principe du film, cette amitié prend une forme épistolaire, et puis de toute façon le réal chie sur toute notion de bienséance et de norme.
Techniquement d’abord, le film est plutôt réussi, l’animation est fluide, le design soigné, et on a quelques partis pris esthétiques intéressants (au-delà du choix de l’animation), comme la représentation en noir & blanc de New York (seuls les éléments rapportés de l’extérieur de la ville, donc ceux envoyés par la fille y apportent une touche de couleur). On est pas encore au niveau d'un Coraline mais ça reste agréable.
Donc, elle (Mary), moche et rejetée par les autres, habitant un village crasseux d'Australie dans un contexte familial chaotique,et lui (Max), gros, coupé du monde car psychiquement handicapé vivotant dans un New-York déshumanisé, vont trouver refuge dans cet échange à distance et développer une vraie amitié.
La correspondace va durer des années, la petite devenant adulte, l’obèse stagnant lui à l’enfance. Oui parce que c’est sans doute le point le plus important du film, Max, durant les 20 ans que durent l'échange n’évolue pas, il lui arrive des tas de trucs, mais il restera le même. Ce sera à l'origine de tensions au sein de l'amitié puisque Mary, elle, tentera de rentrer dans le rang, en passant par la chirurgie esthétique,en étudiant puis en se mariant. Elle en viendra même à vouloir soigner Max, à le purifier de sa maladie.
Sauf que, la pression est trop forte, l'adaptation n'est qu'un leurre et alors comment vivre dans une société qui vous force à vous adapter, à rentrer dans la norme alors que c'est impossible? Max choisit clairement de rester lui même et c'est de toute évidence le point de vue du cinéaste.
C’est d'ailleurs amusant de voir que pour les inadaptés, le rejet se teinte souvent d’une certaine fascination. Cette ambiguïté est très bien illustrée dans une des scènes où suite à un accident incongru, la télé de Max vient s’écraser sur un mime (!). On s’empresse alors de crier au meurtre, mais la justice finit par prononcer un homicide involontaire pour la déficience mentale de l’accusé. Rejet puis pitié.
Le film est plein de détails amusants comme ça qui mettent à mal les conceptions balisées qu’on nous impose, c’est très noir mais souvent très drôle aussi.
Au final, le seul vrai défaut du film tient dans son concept même, à savoir, l’échange par lettre interposées qui s’épuise un peu dans une voix off omniprésente et qui à la longue peut paraître répétitif. Mais c’est un beau film quand même, qui prône l'amitié comme seule route vers le bonheur.
4-5/6
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