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L'Enfant-Cheval (Samira Makhmalbaf - 2008)
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Auteur:  Zad [ 01 Avr 2009, 11:09 ]
Sujet du message:  L'Enfant-Cheval (Samira Makhmalbaf - 2008)

Un riche enfant cul-de-jatte engage un pauvre garçon simple d'esprit pour le transporter sur son dos, comme un cheval.

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Le pitch l'indique de lui-même, c'est toujours pas la subtilité qui étouffe Makhmalbaf, dont La Pomme reste une de mes pires expériences de cinéma iranien.
Autant dire que je partais mais alors sans envie aucune...

D'où la grande grande surprise des deux premiers tiers du film, très surprenants, très puissants même, prenant acte de la non-subtilité et du schématisme sans gants du script pour le transcender par la forme. Et c'est là que Makhmalbaf m'a cueilli, par une audace de mise en scène que je ne lui soupçonnais pas : prééminence du mouvement, du sonore, de ce qui bat, réelle inventivité des situations, découpage qui ose tout, et parvient à n'être jamais cantonné à l'univers world film festival qu'on aurait pu redouter. Au contraire, Makhmalbaf y va à fond, au plus près de sa situation, expérimentant ce que sa mise en scène peut apporter comme lumière neuve sur celle-ci, quitte à en passer par des effets parfois abusés (certains travellings à la never back down lors de combats de mômes sont vraiment étonnants), et laisse libre son montage, qui a une patate folle, tout en contre-points et répétition.

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Oui mais voilà, voilà, passés ces deux premiers tiers, génialement incarnés et puissamment mis en image, où les ressorts classiques de la lutte des classes annoncés par le pitch avaient été très intelligemment mis en critique constructive, voilà que Makhmalbaf se trouve rattrapée par les démons de son horrible premier film, à savoir surenchère et voyeurisme, jusqu'à basculer à plein dans l'indignité, quitte à entrer en totale contradiction avec toute la construction narrative et formelle jusqu'alors déployée. À partir du moment où l'on passe dans le seul sadisme, la seule position victimaire, la torture gratuite soudain doloriste qui plus est (les clous dans les pieds...), on a soudain l'impression d'être face à un film métamorphosé, devenu monstrueux, jusqu'à son agonie, dans une fin gâchée, comme si d'un coup il n'y avait plus rien à dire.

Drôle de film, donc, vraiment scindé en deux, et qui met dans l'embarras : comment continuer d'aimer les deux premiers actes à la lumière indigne du dernier?


(ça sort le 6 mai prochain)

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