Forum de FilmDeCulte
https://forum.plan-sequence.com/

3:10 to Yuma (Delmer Daves, 1957)
https://forum.plan-sequence.com/yuma-delmer-daves-1957-t11036.html
Page 1 sur 1

Auteur:  Baptiste [ 31 Jan 2009, 09:26 ]
Sujet du message:  3:10 to Yuma (Delmer Daves, 1957)

Je cree ce topic pas pour faire le malin de pas avoir aime un "classique", mais vraiment dans l'optique de comprendre.
Voila, je n'ai pas du tout aime le film. Je trouve qu'a peu pres tout y sonne faux.

Deja, je trouve que le scenario est truffe d'incoherences, et la je renverais au post de Noony dans le topic du remake de Mangold, je ne l'ai pas vu mais ce qu'en dit Noony reflete un peu mon avis sur le scenario ici.
Et meme, en dehors des incoherences je trouve la structure bancale, on passe trop de temps dans la chambre d'hotel, qui au demeurant n'implique pas des dialogues tres passionants (les dialogues sont une des faiblesses du film aussi).
Ensuite, je trouve la construction des personnages super poussive, car tout est trop bavard, trop repetitif et explicite, a l'image du mechant qui fait que parler et par ce fait fait de moins en moins peur. L'acteur est de plus en plus insupportable...

Globalement, je trouve pas que ce soit un film tres subtil, les effets sont toujours appuyes et malgre sa seule heure et demie, je suis ressorti du film saoule. Notamment a cause
du revirement final qui fait bizarre apres tant de tentatives du bad guy de se la jouer en faisant peur a l'autre.


Le film patit de la comparaison avec Le train sifflera trois fois, qui en termes de tension est largement superieur, selon moi, notamment dans l'utilisation des horloges, des gongs, du train. La symetrie des deux films est d'ailleurs amusante: dans Le train... on a un criminel libre qui revient dans la ville, dans Yuma on le criminel arrete qui doit quitter la ville, par un train encore. La grosse difference entre les films et qui fait cesser la comparaison est bien evidemment un choix de redemption de la part du criminel. la description de son revirement. Mais sinon, Yuma me semble vouloir tout faire comme Le train... en moins bien.

Au niveau des points positifs, j'ai trouve la photo tres propre, les musiques sont tres bien, et le debut et la fin du film sont tres poetiques.

2-3/6

Auteur:  Mister Zob [ 31 Jan 2009, 09:39 ]
Sujet du message: 

Trop bavard ? Dialogues faibles pas / très passionnants ? Trop de temps dans la chambre d'hôtel ? Je crois que tu es passé à côté du film.

Auteur:  Baptiste [ 31 Jan 2009, 09:52 ]
Sujet du message: 

j'ai pas du tout accroche a l'energie degagee par les acteurs. Le duo principal Ford/Heflin notamment.
Quant au texte des dialogues, je l'ai trouve trop explicite et denue de l'ambiguite, du doute qui pourrait instaurer la tension.

Et puis je sais que c'est adapte d'un roman, mais ya des trucs carrement pompes sur High Noon, genre la couverture offerte par des animaux pour sortir devant la bande de malfrats, et aussi dans la reference aux pendules, au fait que le heros se retrouve seul, etc. Juste quelques annees apres ca la fout mal.

Auteur:  skip mccoy [ 31 Jan 2009, 13:05 ]
Sujet du message: 

Pour ma part, je considère Yuma comme un chef d'oeuvre mais je peux comprendre certains de tes reproches. C'est effectivement un film très bavard, ce qui pour un western est rarement gage de réussite. Mais Yuma est un des exceptions à cette règle qui fait que dans un bon western, les personnages se définissent par l'action. Je m'explique.
Glenn Ford n'est pas un simple "bad guy" et tout le sel du film vient justement de la relation qui s'établit entre lui et son garde au fur et à mesure du film. Il n'est pas là pour "faire peur". Au contraire, une des beautés essentielles du film, c'est le dépassement du clivage entre les deux hommes, le clivage légal, par l'humanisme de Delmer Daves. Et ça, ça passe en effet beaucoup par les dialogues. Mais des dialogues qui ne m'apparaissent jamais lourds, sursignifiants ou théoriques, ce sont simplement des conversations entre un prisonnier et son geôlier. Quoi de plus naturel pour deux hommes que les contingences contraignent à être enfermés dans une chambre d'hôtel que de parler ? parler de leur vie, de leurs femmes...? Ce sont ces conversations qui leur apprennent à mieux se connaître et qui in fine permettent à Daves de révéler ses personnages au-delà de leur fonction sociale, de faire montre de la finesse de son appréhension psychologique...Et d'offrir une superbe rédemption au personnage de Glenn Ford. Tout le film tend vers cette conclusion, la discussion provoque l'empathie qui provoque le respect des valeurs de l'autre qui provoque un cheminement moral chez le bandit. Ne pas oublier qu'au début du film, Glenn Ford se tape Felicia Farr, la femme de son gardien.


Par contre, si tu n'es tout seul à avoir du mal avec cette fin, je ne comprends pas comment on peut préférer Le train sifflera trois fois à 3h10 pour Yuma. Le film de Daves me paraît supérieur en tous points, à commencer par le style. La sensualité du filmage (superbe scène d'amour au début), les fulgurances lyriques (la fin à la Capra est juste sublime)...rendent sa réalisation beaucoup plus expressive que celle d'un Zinneman qui me semble relever du pire académisme.

Auteur:  Baptiste [ 31 Jan 2009, 20:27 ]
Sujet du message: 

High Noon est un film effectivement beaucoup plus sobre, mais c'est pour le mieux, car c'est en parfait adequation avec l'effet recherche, celui de la terreur d'un seul contre tous. Gary Cooper est magnifique, tout simplement, tout en silences et interiorite; je ne trouve pas que Van Heflin soutient la comparaison, meme si ce ne sont pas les memes types de personnage.

Mais quand tu dis qu'une relation de complicite se forge entre les deux personnages, je ne trouve pas ca tres bien amene, car la plupart du temps c'est plus du rentre-dedans sadique de la part de Glenn Ford qu'un test. A l'ecran on a vraiment l'impression qu'il veut s'echapper, pas qu'il est en route vers sa redemption. C'est difficile a expliquer mais pour provoquer des effets, 3:10 me semble toujours assez lourd et maladroit.

Ensuite, j'ai du mal a imaginer comment on ne peux pas tiquer devant les innombrables faiblesses du scenario:
- Ford, cense etre super dur a choper, se fait capturer tres facilement, c'etait a prevoir que la troupe du sherif reviendrait immediatement au village. Alors oui, le criminel est amoureux de la fille et tarde donc a s'en aller, et globalement il ya chez lui un effet psychologique de se laisser prendre en parallele avec son changement interieur mais ici c'est beaucoup trop grossier, surtout quand on sait que par la suite le criminel se debat pour s'echapper.
- l'ivrogne qui se joint a l'aventure. Quelles sont ses motivations? A part le rapide "laisse moi une chance", le film ne nous dit rien. Du jour au lendemain le mec devient le plus courageux des hommes? Mouais, c'est rapide. Il n'est meme pas paye (alors que l'autre est paye en plus).
- ceux qui les rejoignent ensuite pour monter la garde. Deja, c'est pas logique qu'ils n'aient pas peur du simple fait que ce soit le legendaire Ben Wade a qui ils ont affaire. Et ensuite, ils ont l'air etonne que les bandits soient si nombreux. Comme si c'etait pas evident! Et donc on les voit partir comme ca d'un coup (la encore la scene est super maladroite).
- a quoi sert la femme du heros? a part le supplier d'arreter, elle ne fait que la spectatrice bien docile, la ou la Grace Kelly de High Noon prend courageusement sur elle meme en tuant l'un des bandits.
- le heros est lui-meme un as du tir. Etant un simple fermier, il tue en un coup tres rapidement un mec situe sur l'autre toit a plus de vingt metres...
- pourquoi on laisse un homme dormir confortablement sur une banquette sans lui poser de questions alors qu'il n'a pas de reservation a l'hotel qui semble pourtant etre assez chic?
- le coup de l'ivrogne qui se fait pendre est vraiment la pour "epater la galerie", pour impressionner le spectateur ave cla encore un effet grossier. Pour le coup c'est reussi, j'ai ete choque, mais ca sonne faux de s'en prendre a l'ivrogne, c'est tellement facile, c'est le bon perso sympathique dont on sait que ca fera de la peine au spectateur s'il meurt, Et en l'occurence, on le tue avec sauvagerie pour bien nous faire comprendre qu'on est dans une situation grave... Dans High Noon, pas un seul mort et pourtant, 20 fois plus de tension.
- le soutien du directeur de la compagnie de diligences...? j'ai toujours pas compris ce qu'il fout la, a quoi il sert, pourquoi il va risquer sa peau jusqu'a la fin... pour recuper de l'argent? il a l'air plein aux as


Je crois que j'en oublie plein, pendant le film toutes les deux minutes je tiquais a cause du scenario. et c'est quand meme un probleme pour un film qui se veut simple dans son deroulement mais complexe par les interactions psychologiques de ses personnages.

Auteur:  skip mccoy [ 01 Fév 2009, 21:33 ]
Sujet du message: 

Citation:
- Ford, cense etre super dur a choper, se fait capturer tres facilement, c'etait a prevoir que la troupe du sherif reviendrait immediatement au village. Alors oui, le criminel est amoureux de la fille et tarde donc a s'en aller, et globalement il ya chez lui un effet psychologique de se laisser prendre en parallele avec son changement interieur mais ici c'est beaucoup trop grossier, surtout quand on sait que par la suite le criminel se debat pour s'echapper.
- l'ivrogne qui se joint a l'aventure. Quelles sont ses motivations? A part le rapide "laisse moi une chance", le film ne nous dit rien. Du jour au lendemain le mec devient le plus courageux des hommes? Mouais, c'est rapide. Il n'est meme pas paye (alors que l'autre est paye en plus).
- ceux qui les rejoignent ensuite pour monter la garde. Deja, c'est pas logique qu'ils n'aient pas peur du simple fait que ce soit le legendaire Ben Wade a qui ils ont affaire. Et ensuite, ils ont l'air etonne que les bandits soient si nombreux. Comme si c'etait pas evident! Et donc on les voit partir comme ca d'un coup (la encore la scene est super maladroite).
- a quoi sert la femme du heros? a part le supplier d'arreter, elle ne fait que la spectatrice bien docile, la ou la Grace Kelly de High Noon prend courageusement sur elle meme en tuant l'un des bandits.
- le heros est lui-meme un as du tir. Etant un simple fermier, il tue en un coup tres rapidement un mec situe sur l'autre toit a plus de vingt metres...
- pourquoi on laisse un homme dormir confortablement sur une banquette sans lui poser de questions alors qu'il n'a pas de reservation a l'hotel qui semble pourtant etre assez chic?
- le coup de l'ivrogne qui se fait pendre est vraiment la pour "epater la galerie", pour impressionner le spectateur ave cla encore un effet grossier. Pour le coup c'est reussi, j'ai ete choque, mais ca sonne faux de s'en prendre a l'ivrogne, c'est tellement facile, c'est le bon perso sympathique dont on sait que ca fera de la peine au spectateur s'il meurt, Et en l'occurence, on le tue avec sauvagerie pour bien nous faire comprendre qu'on est dans une situation grave... Dans High Noon, pas un seul mort et pourtant, 20 fois plus de tension.
- le soutien du directeur de la compagnie de diligences...? j'ai toujours pas compris ce qu'il fout la, a quoi il sert, pourquoi il va risquer sa peau jusqu'a la fin... pour recuper de l'argent? il a l'air plein aux as

Image

Auteur:  Baptiste [ 01 Fév 2009, 22:11 ]
Sujet du message: 

j'en conclus que tu n'as rien a dire :)

Auteur:  skip mccoy [ 01 Fév 2009, 22:16 ]
Sujet du message: 

Baptiste a écrit:
j'en conclus que tu n'as rien a dire :)


tu conclus bien.
ratiociner sur des détails de scénario aussi essentiels que la raison pour laquelle "on laisse un homme dormir confortablement sur une banquette sans lui poser de questions alors qu'il n'a pas de reservation a l'hotel qui semble pourtant etre assez chic" ne m'intéresse pas.
Ne serait-ce que parce que j'ai oublié le passage en question.

Auteur:  Baptiste [ 01 Fév 2009, 22:26 ]
Sujet du message: 

bah c'est pas un, deux, voire trois details, c'en est plein qui a la longue finissent pas agacer, un truc que les grands cineastes ne laisseraient pas passer (meme Hitchcock c'est plus credible).

Oh et puis non, ya meme des trucs qui ne tiennent meme pas du detail, mais soit, tu ne souhaites pas en parler.

Auteur:  skip mccoy [ 01 Fév 2009, 22:41 ]
Sujet du message: 

Baptiste a écrit:
bah c'est pas un, deux, voire trois details, c'en est plein qui a la longue finissent pas agacer, un truc que les grands cineastes ne laisseraient pas passer (meme Hitchcock c'est plus credible).

Oh et puis non, ya meme des trucs qui ne tiennent meme pas du detail, mais soit, tu ne souhaites pas en parler.


écoute, je n'ai pas retenu un seul des points que tu mentionnes dans ta balise spoiler. bon, ça fait quelques années que j'ai vu ce film mais j'ai la faiblesse de croire que je l'ai mieux regardé que toi dans la mesure où je ne suis pas passé à côté de l'essentiel de l'oeuvre, c'est à dire le lyrisme humaniste de Daves, pour des conneries de scénario. Tu me fais penser au type de la fable qui se focalise sur le doigt quand on lui montre la lune. Je ne vais pas me répéter éternellement. Zob a parfaitement résumé, tu es passé à côté du film. Ca arrive à tout le monde. Je ne vois pas ce que je peux faire de plus que te conseiller de le revoir plus tard.

Auteur:  Baptiste [ 01 Fév 2009, 22:59 ]
Sujet du message: 

tout comme je peux te conseiller de le revoir, toi aussi. Moi c'est bon, j'ai la memoire fraiche.

Auteur:  Mickey Willis [ 14 Oct 2018, 23:09 ]
Sujet du message:  Re: 3:10 to Yuma (Delmer Daves, 1957)

:evil: Sérieux Baptiste t'étais pas obligé de spoiler High Noon en parlant de ce film !

Bon perso j'ai bien aimé, et notamment j'ai trouvé la maîtrise du cadre de Delmer Daves (que j'avoue ne pas connaitre) assez sidérante et le suspense bien tendu comme il faut.

Après je comprends les reproches de Baptiste et le rejoins sur certains aspects.

Mais tu oublies peut être que le sacrifice et la rédemption se manifestent de chaque côté, la force morale est pour une fois dans un western plus importante que l'habileté à tirer et devient en cela la clé pour résoudre cette mission quasi suicidaire. C'est un dénouement qui ne pouvait que s'opérer dans le duel avec Glenn Ford, qui cette fois ne se peut se réaliser par un face à face dans une avenue vidée et poussiéreuse mais retranché dans une simple chambre, en cherchant à se corrompre sans atteindre mortellement son adversaire, car c'est sans doute en cédant que le héros aurait couru à sa perte. Il faut saluer la capacité qu'a Daves à dépouiller autant la représentation de la rivalité entre les deux hommes de tous les apparats qui font le mythe habituel du western sans toutefois perdre en force ni en tension.

5/6

Je me choppe L'Homme de nulle part du coup !

Page 1 sur 1 Heures au format UTC + 1 heure
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
http://www.phpbb.com/