Les pérégrinations d'Albert, éternel indécis, adepte de l'esprit d'escalier, qui réfléchit avant et après, se demande s'il aime vraiment la raclette, s'il doit traverser oui ou non cette rue, ou s'il est capable de se battre pour défendre le système de santé à Cuba? Entre deux tours d'élections municipales, il rencontre trois jeunes femmes volontaires qui tour à tour vont le provoquer et l'aider à s'approcher un peu plus de lui-même.
Je fais un topic même si c’est pas sorti au cinéma.
Donc la version « interminable », c'est-à-dire la version presque 6 heures alors que le film faisait 2 heures en salle.
Étrange objet, pas un film parce que divisé en 6 épisodes, pas une série non plus parce que le rythme de chaque épisode est étrange, ils ne tiennent pas vraiment tout seuls, ne bouclent rien, plutôt des chapitres qui font progresser doucement l’histoire mais qui donnent aussi l’impression que ça n’aura de sens qu’une fois vu le tout.
En fait je dis « pas une série » parce que ça ressemble pas aux canons du genre, mais j’aurai bien aimé voir ça à la télé, en série justement. Une bonne série donc, un peu bizarre mais quand même, faute d’une meilleure appellation (d’ailleurs je ne comprends pas le projet de départ, Podalydès a fait un film de 6h ? (mais qu’est ce qu’il croyait ?) Ou une mini série ? (pareil)).
Ça fait tout drôle d’avoir beaucoup aimé un film, de le connaître par cœur, et de le revoir avec la sensation qu’on ne l’a jamais vu. Les enjeux sont les mêmes mais les personnages bougent un peu, certains sont plus durs, d’autres se creusent, le film est plus sadique avec Albert, les plans s’allongent et laissent apparaître ce qu’ils cachaient auparavant, des petits moments cruels qui nous étaient épargnés.
On nous avait pas tout dit.
Alors ça perd en rythme, ça perd aussi en légèreté, le film se fait plus insistant sur le thème de l’hésitation, là où les choses passaient avec douceur, elles sont un peu martelées parfois (et parfois ça devient plus lumineux, les vomissements par exemple, c’est très clair d’un seul coup, et c’est beau à ce moment là). Mais ça gagne aussi en ampleur, les aventures de Albert deviennent presque épiques, c’est une saga du doute désormais. Les dialogues s'allongent aussi, j'ai pensé à La Maman et la Putain parfois, un Eustache solaire en quelque sorte.
Et puis des scènes comme la lettre écrite dans le train, petite parenthèse évidente et belle, ou la tentative de détournement du match de foot, ou le monologue où il assume et vomi sa nature hésitante, elles étaient passées à la trappe, elles ont ressuscité, c’est tant mieux.
Je suis très surpris en fait que ce soit le même film mais très différent, et je me rends compte que j’aime les deux mais pas pour les mêmes raisons.
Disons 6/6 oui.