Enième buddy movie réalisé par le fiévreux du samedi soir un après le très bon Another 48 Hours, The Hard Way en vo raconte les aventures d'un flic couillu (James Woods) qui doit se taper la compagnie d'un acteur (Michael J. Fox) en mode Actor's Studio désireux de vivre la vie d'un flic. Le tout se tramant sur fond de chasse à l'homme dangereux, le mystérieux tueur en série bodybuildé.
Une réalisation sobre et efficace, un tandem classique mais habilement joué et, surtout, un contexte drôle mais très cynique font de ce film pas vraiment d'action un excellent moment dans le genre assez codé.
Badham gère parfaitement la dose de moments d'adrénaline et offre à nos yeux alléchés quelques rares cascades et autres ralentis. Le reste du métrage se partage les gros morceaux que sont, donc, l'humour et le cynisme.
Sur le premier point, c'est pas non plus l'extase et c'est clairement greffé autour du duo. Woods est royal, nerveux et attentionné, dangereux et presque facho, bref un personnage à la Nolte qui chez Hill explosait là où Badham lui réserve un traitement plus nuancé, presque trop gentil par moments. Cette impression est confirmée par l'autre personnage, bien plus doux et naïf qu'un Murphy et dont la possible violence refoulée n'est qu'effleurée. Ca tourne donc bien sans être exceptionnel, agréable moment relevé toutefois par cette saisissante vision cynique parfois vraiment frappante.
Je retiendrai comme exemple ce merveilleux moment où Fox, dans la peau du flic sensé sauver la population métroïque de jeunes délinquants, se retrouve avec une arme en plastoque, tandis que tous ses co-citoyens (un juif, une vieille !) braquent leur arme personnelle dans un élan d'auto-protection relevé par un montage rapide, laissant juste la place à une certaine incompréhension balayée par le retour d'un humour plus potache.
Bref épisode qui fait froid dans le dos et que l'on retrouve en fait tout du long, avec ce don qu'a Badham de ne jamais appuyer là où cela pourrait faire mal. Un sentiment d'assister à l'absurdité de la "vie" (ce "phénomène" logique repris dans un dialogue entre le vrai flic et l'acteur) sans jamais pouvoir interférer ni vraiment comprendre. Entre un dialogue abscons du méchant voulant balayer la racaille en tuant dealers et petite fille de 4 ans, à la scène finale mettant en scène une vertigineuse bataille narguée par les riverains en contre-bas, se marrant et reproduisant les coups possiblement mortels qui se passent 50 mètres plus hauts, Badham fait preuve d'une certaine consternation où, au final, chacun reste à sa place (le flic, l'acteur et le criminel ) et où l'écran de cinéma produit le générique de fin dans une façon d'envoyer paitre tout ce qui s'est passé (des ghettos au commissariat) pour annihiler toute notion sociale ou de justice.
Un vrai film de genre bien plus pertinent qu'une Arme Fatale et ses grosses pompes sentimentales sous vernis de violence gratuite. Ici, comme chez Hill, le geste est global, méchant et divertissant. Merci Gerry, tout à fait mon genre de film.
4,5/6
