aka The Beautiful Ordinary, apparemment...
Noony est un excellent passeur, dans le sens où c'est lui qui m'a donné accès à ce teen movie inédit par chez nous, mais un mauvais passeur dans le sens où c'est moi qui doit ouvrir le bal de ce topic (bon il a écrit sur ce film sur son blog, courez voir).
Et bon j'avoue que je ne sais pas par quel bout commencer.
Si, je peux dire d'emblée que c'est le plus beau film que j'aie pu voir depuis longtemps. Je peux écrire d'emblée ce que j'écris peu sur ce forum, où j'évite les notes, mais voilà, 6/6 c'est mérité : film parfait, que j'adore de sa première image jusqu'à son générique de fin.
Je peux dire aussi que c'est le film qui me rappelle que le genre "film choral" n'est pas uniquement voué à faire des machins Inarrituiens, qu'on peut aussi en tirer des chefs-d'oeuvre qui semblent ne sortir de nulle part.
Et c'est le cas, dans un sens. Jess Manafort a 26 ans, un an de plus que moi, les days/daze du titre sont aussi un peu ceux de ma génération, donc de tout le monde et de personne, mais donc aussi bien de moi, quand bien même ici ça se déroule aux USA. Le film me chuchote donc à l'oreille directement, me touche profondément, très personnellement.
Et que ce soit un premier film est tout bonnement hallucinant. Je suppose, difficile de faire autrement, que Manafort est le petit protégé de quelqu'un mais j'ignore de qui. C'est la lecture de son générique qui me fait penser cela. D'après le générique final (mais pas imdb) le mec s'autoproduit en partie, se paie Leslie Shatz au son (là encore dans le générique final mais pas sur imdb, bizarre), et à l'image le directeur photo de Mysterious Skin, de Wassup Rockers et de Bully, et directeur photo 2ème équipe de Donnie Darko. Comme ça, dès le premier film. Ca va bien.
Et ça se voit : c'est tout bonnement sublime. Déjà d'un strict point de vue esthétique chaque plan est épatant, toujours juste, toujours parfaitement cadré, découpé, chorégraphié, choisi, avec sans cesse un souci de photo et de lumière qui force le respect (cf. par exemple le choix d'ajouter ce plan de profil avec le flare rond lorsque Dylan enlève la culotte de la pom-pom girl, ce souci de sublimer ça, de faire le plan avec douceur, contre d'ailleurs la réputation de Dylan, ces choix-là m'épatent)...
Pour autant ce n'est pas du m'as-tu-vu, bien au contraire, chaque choix est justifié, passe en douceur, n'est jamais du gonflage de muscles, on n'est pas dans les travers des Lois de l'attraction (film que j'aime bcp, mais qui est parfois étouffé par ses démonstrations de force). D'ailleurs j'adore que le plan séquence central, qui fait clairement référence aux Lois de l'attraction, s'assume dans sa dimension de pavillon de banlieue, la plus belle idée de ce plan-séquence c'est qu'il n'y a rien d'extraordinaire à voir, que quand on prend ce couloir et qu'on en ressort à l'autre bout, on arrive simplement au bout de la même pièce... C'est un peu le plan qui donne gentiment une leçon d'humilité au film d'Avary...
Et d'un point de vue plus général, de mise en scène, d'harmonie entre les choix esthétiques et la narration, c'est à mes yeux un sans faute. Ce choix de caméra portée par le courant des allées et venues, des sauts de groupes en groupes, c'est saisir parfaitement le flottement, le ballottement de ces soirées de début d'été, ces soirées d'insouciance, de potes et de murges, d'amitié et d'individualisme, de grandes idées et de pathétique.
Bon je m'arrête là pour ce soir. Ah oui le long dernier plan, m'a tué.
