Bon alors je n'avais pas revu de film de Jacques Demy depuis dix ans facile, certains m'ont donné envie de m'y replonger en créant le topic en section top. J'ai commencé par celui là car j'en avais un souvenir un peu plus précis que les autres.
J'ai trouvé ça sublime, comme je m'y attendais, c'est beau et dérangeant, féérique et politique... Un film que se place bien au dessus de américan beauty en ce qui concerne les réflexions sur la beauté (pour faire un lien avec le topic récent sur le film de Mendes). Comme chez Cocteau on se demande comment les cinéastes arrivent à réussir des films autant intenses avec de tels sujets et de tels parti pris esthétiques. Je crois que c'est réellement l'acuité artistique qui permet ça, une espèce d'implication viscérale qui va au delà de la simple exposition d'un récit original.
Demy arrive à faire ressortir un côté morbide et fataliste de cette facticité ambiante et tant désirée. C'est glauque, morbide et triste. Tout ça au cœur d'une grande poésie aux allures féériques. Inutile de dire que Deneuve est effarante de crédibilité dans ce rôle, elle le joue à merveille et possède une aura de pureté impossible à souiller (paradoxe sublime et facticité volontaire du costume de l'âne) qui finit par déranger et fasciner plus que toute autre chose dans le film.
C'est difficile de considérer ce film comme appartenant à l'esprit nouvelle vague. Pourtant il y avait matière à un désir d'actualisation moderniste de l'esprit du conte. C'est présent mais jamais simple pour le simple prétexte de la rupture esthétique avec le cinéma passé. C'est avant tout le film d'un grand poète de l'image.
6/6
