Un homme à tête de téléviseur et une bonnasse amnésiques décident de cambrioler et de défier les forces de l'ordre. Ils seront incarcérés dans la prison de Dead Leaves sur la Lune où, pour le plus grand bonheur des autres condamnés, ils vont se libérer et foutre le bordel.
52 minutes épileptiques issues du célèbre studio japonais Production I.G. (Ghost In The Shell, Jin-Roh). Le mot d'ordre de l'anime est d'en mettre plein la vue (et les oreilles) au spectateur en manque de méga-vitamines, d'explosions de couleurs et de pétards, de scatologie (sodomie, pets, bite géante et foreuse,...), d'ultra-violence complaisante et graphiquement délurée et d'absurdité, de non-sens et d'un sympathique mais basique discours nihiliste sur une société complètement amorphe, ultra-sécuritaire et violente.
On pense fortement à Gilliam (L'armée des 12 singes), Miyazaki ou évidemment Masaaki Yuasa (Mind Game) pour le fond et pas mal de fulgurances formelles, bien qu'il reste avant tout une trame basique mais assez efficace qui permet quelques moments formidables, comme ce passage programmé des prisonniers dans une salle où ils bouffent à la façon des Temps modernes, mais version speedée et où un gros tuyau vient leur pomper leur merde déjà prête à être évacuée.
On a droit à d'autres grands moments où des clones de policiers façon Agent Smith font face à une armée de déglingués libérés qui se font justement déglingués comme des animaux en cage, gore manga soulignant à outrance le sang et les impacts à l'appui.
La force du film réside dans son souffle qui ne s'éteint jamais et agacera sans doute beaucoup de personnes. En effet, on a surtout une accumulation de scènes de baston ultra-violentes, totalement ludiques et débridées, soutenues à la fois par une musique "electro-jazz" raffinée (jungle un peu lounge, etc) et un montage absolument indigeste pour qui a besoin de voir au moins plus de 3 images par plan.
Mais le réalisateur et son équipe maitrisent totalement ce procédé extrêmement délicat à mettre en place pour à la fois être lisible, joussif et, en plus, très drôle. Dead Leaves est ainsi autant un concentré d'action survitaminée qu'une ode à la rigolade et à l'humour malsain, franc et sans concession, toujours dynamique et jamais (véritablement) outrancier. Des dialogues un peu scato et franchement marrants (un facho gérant la prison à un prisonnier qui a trop chié dans la pompe à merde : "Toi tu sers à rien, t'as trop chié. Je te condamne à mort.") côtoient des situations singeant habilement les mangas (dynamique de la gestuelle ou encore dialogues sérieusement abscons ne menant à rien) et le tout passe à une vitesse folle.
Bref, le meilleur animé japonais que j'aie vu avec Akira mais que je ne conseille que si l'on apprécie les points que j'ai mentionné, beaucoup risquant, je pense, de trouver ça soit trop appuyé ou pas assez radical. Je trouve pour ma part que le dosage est presque parfait et je précise que les graphismes puisent dans tous les domaines de l'art graphique, du cubisme le plus "simple" à la 2D hypnotisante des dessins primaires en passant par un sens incroyable du découpage (merveilleux split-screens) directement inspirés par le cinéma.
6/6