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Six femmes pour l'assassin (Mario Bava - 1964)
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Auteur:  Cyniquotron [ 01 Mar 2024, 08:39 ]
Sujet du message:  Re: Six femmes pour l'assassin (Mario Bava - 1964)

J'ai vu tous ces films et pourtant mon préféré reste le Suspiria d'Argento et son Inferno derrière peut-être. Et juste après Phenomena. De toute façon on parle des réalisateurs du bis italien, et parmi eux le seul à avoir atteint à un statut de rock star presque, c'est bien Dario Argento, que ça vous plaise ou non.

Il est clair que ce Bava est une des matrices du cinéma d'Argento (et du giallo en général), il est très beau mais il est assez con. D'accord avec Lepers pour dire que Bava devient plus craspec et noir, et un peu moins esthète, je pense aussi à la Baie sanglante, d'un cynisme absolu (mais qui n'est pas un très bon film). Chez Bava il y a un sens du cadre, de la composition plastique de chaque plan, qui est unique, le problème c'est qu'il n'y a pas ou peu de fond derrière, volontairement peut-être, il a parcouru les genres, avec une esthétique particulièrement soignée et des plans "iconiques", mais si on peut trouver certains de ses films "innovants", on peut aussi les voir comme creux dans un désintérêt manifeste pour la narration. J'aime particulièrement son Danger : Diabolik! parce qu'il y crame visiblement le gros budget pour lui d'une production Dino de Laurentiis avec des outrances fumetti de chaque instant.

Le plus beau Fulci en tout cas plastiquement, de mémoire assez lointaine, je dirais aussi que c'est L'au-delà.

Auteur:  JulienLepers [ 01 Mar 2024, 09:24 ]
Sujet du message:  Re: Six femmes pour l'assassin (Mario Bava - 1964)

Qu'entends-tu par "fond" ? Est-ce un mal quand on fait des films aussi beaux ?
Même un film tardif qui a une réputation de merde comme Baron Vampire, je trouve que c'est un délice pour les yeux avec ses passages nocturnes dans la brume.

Pour Bava, je dirais que c'est la recherche du Mal derrière les apparences de la bonne société qui me semble aussi peut-être lié à l'atmosphère d'après-guerre, on sort du fascisme, on n'est pas très fiers de ce qui s'est passé, les démons d'antan ressortent un peu partout : c'est un regard qui parcourt d'autres cinéastes un peu partout dans le monde du genre à la même époque et qui infuse leurs films. Du coup, oui, on se concentre moins sur les pans d'intrigue que l’atmosphère qui s'en dégage. C'est peu ? Peut-être mais c'est déjà pas mal (donc on m'enlève tout de suite ces guillemets sarcastiques didons)

Chez Argento, y en a-t-il plus ? (à part que tout est plus moche et longuet)
(un jour, je pigerai ce réal, ho oui, un jour...)

C'est super La Baie Sanglante, ho !
Je pensais le citer en couplet du final des Trois visages dans le style "on sait que vous savez mais on sait aussi que vous voyez pas ça arriver".

Airgi to désaigri sur ce coup-là, mon cher Cyniquotron.
(après, je préfère Martino à Fulci ou Argento, je pense que DePalma aussi mais j'ai pas de preuves là-dessus)

Auteur:  Cyniquotron [ 02 Mar 2024, 12:55 ]
Sujet du message:  Re: Six femmes pour l'assassin (Mario Bava - 1964)

JulienLepers a écrit:
Qu'entends-tu par "fond" ? Est-ce un mal quand on fait des films aussi beaux ?
Même un film tardif qui a une réputation de merde comme Baron Vampire, je trouve que c'est un délice pour les yeux avec ses passages nocturnes dans la brume.

Pour Bava, je dirais que c'est la recherche du Mal derrière les apparences de la bonne société qui me semble aussi peut-être lié à l'atmosphère d'après-guerre, on sort du fascisme, on n'est pas très fiers de ce qui s'est passé, les démons d'antan ressortent un peu partout : c'est un regard qui parcourt d'autres cinéastes un peu partout dans le monde du genre à la même époque et qui infuse leurs films. Du coup, oui, on se concentre moins sur les pans d'intrigue que l’atmosphère qui s'en dégage. C'est peu ? Peut-être mais c'est déjà pas mal (donc on m'enlève tout de suite ces guillemets sarcastiques didons)

Chez Argento, y en a-t-il plus ? (à part que tout est plus moche et longuet)
(un jour, je pigerai ce réal, ho oui, un jour...)

C'est super La Baie Sanglante, ho !
Je pensais le citer en couplet du final des Trois visages dans le style "on sait que vous savez mais on sait aussi que vous voyez pas ça arriver".

Airgi to désaigri sur ce coup-là, mon cher Cyniquotron.
(après, je préfère Martino à Fulci ou Argento, je pense que DePalma aussi mais j'ai pas de preuves là-dessus)

J'aime beaucoup les films de Mario Bava et d'autres réalisateurs du bis italien, je pensais que cela ressortait de mon message. Mais je ne vois pas pourquoi il faudrait dénigrer Argento pour voir les films de Bava. Les deux partagent un désintérêt similaire pour l'intrigue, et si Bava est plus douée pour la composition plastique et la technique cinématographique pour obtenir de très beaux plans, Argento, qui est en un sens son héritier, m'a toujours bien plus fasciné (et Suspiria en premier) par l'intensité du rendu de ses visions hypnagogiques, ce qui s'argumente difficilement.

Tu regardes La planète des vampires tu vois un très beau film mais pardon de ne pas adhérer à l'hypothèse de "la recherche du mal derrière l'apparence de la bonne société" etc., si on enlève la qualité plastique il n'y a plus grand-chose, même si on peut toujours plaquer l'une ou l'autre interprétation sur des images mouvantes.

Je mets des guillemets à "iconiques", car les images de cinéma ne sont pas des icônes à adorer.
Je mets des guillemets à "innovants" car l'idée d'un progrès en art est absurde.

Tu peux me sortir des noms de réalisateurs ou de films bis italiens que je connais pas, vu qu'il y en a eu des milliers, ou me parler de Marino Girolami ou de Umberto Lenzi , mais franchement, ça ne changera rien à mon point de vue, qui n'est qu'une affaire de goût ou de fascination pour l'un ou l'autre film.

Auteur:  JulienLepers [ 04 Mar 2024, 04:40 ]
Sujet du message:  Re: Six femmes pour l'assassin (Mario Bava - 1964)

C'était pas tellement pour dénigrer Argento pour réévaluer Bava que pour rebondir sur le fait que parfois l'arbre Argento cache la forêt du reste de la prod, mais oui, tu as raison.

Citation:
Tu regardes La planète des vampires tu vois un très beau film mais pardon de ne pas adhérer à l'hypothèse de "la recherche du mal derrière l'apparence de la bonne société" etc., si on enlève la qualité plastique il n'y a plus grand-chose, même si on peut toujours plaquer l'une ou l'autre interprétation sur des images mouvantes.


Je suis d'accord sur le trop-plein d'interprétation mais sur un cinéaste dont une bonne partie des films porte sur des meurtres et des manigances avec des gens honnêtes qui s'avèrent fourbes et inversement, je pense pas taper si loin en disant que son point de vue sur le monde transparaît même dans La Planète des Vampires : tout l'équipage (habillé en cuir avec un motif proche du sigle des ss) qui ne fait montre d'aucune émotion jusqu'à être contaminé par... quelque chose... et à s'entretuer avant une révélation finale
qui annonce une invasion de la Terre
, je pense pas que ce soit juste pour faire joli, même si le but de faire quelque chose qui ait de la gueule avec trois francs-six sous est ce qui motive Bava.
Mais quand on est un réal qui a connu le fascisme quand il avait trente ans, et dont les films (pas du tout considérés à l'époque) sont destinés à un circuit de troisième zone à destination d'un public essentiellement populaire, avec en plus une censure qui plane au-dessus... je pense que ça déteint à un moment donné sur la manière d'aborder les sujets du meurtre, de l'avidité, de l'ambition etc... Donc, ce ne sont pas des films creux.

Citation:
Je mets des guillemets à "iconiques", car les images de cinéma ne sont pas des icônes à adorer.
Je mets des guillemets à "innovants" car l'idée d'un progrès en art est absurde.


Oui, mais là tu présentes à la fois le mot et les limites de la définition donc en fait, ça plie le débat assez vite. Pourquoi pas, mais je crois pas avoir dit qu'il fallait adorer les images pour l'image (c'est pas du Sam Mendès/Roger Deakins quand même là...). Et pour ce qui est de l'innovation, c'est pas un jugement bien ou mal mais c'est juste histoire de rappeler qu'il a eu un impact considérable sur le genre.

Et pour un réalisateur qui ne s'occupe pas de la narration, je trouve qu'il réussit pas mal ces fins à twist dans La baie sanglante, la Planète des vampires, ou Les chiens enragés.

Auteur:  Abyssin [ 18 Mar 2024, 14:13 ]
Sujet du message:  Re: Six femmes pour l'assassin (Mario Bava - 1964)

Cosmo a écrit:
Art Core a écrit:
En fait je crois que le giallo est vraiment un genre que je n'aime pas.


J'allais le dire. Je ne comprends pas que dans ceux que j'ai vus (y compris ce Bava récemment), il n'y ait à ce point aucun effort de scénario, au point que rien ne semble crédible ni même cohérent.
Alors je suis moins fan que Finger, le film est dans la moyenne haute de Bava, donc globalement apprécié, mais je crois que dans les italiens je suis plus Fulci et Lenzi.
Par contre, il y a un truc super honteux dans le scénario
La fin où ils se disent qu'ils vont tuer la dernière mannequin pour faire croire que c'est la meurtrière. En la noyant, meme en lui coupant les veines après, comment ils peuvent croire que l'autopsie va conclure à un suicide.

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