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La Horse (Pierre Granier-Deferre - 1969)
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Auteur:  noisette 7 [ 07 Oct 2013, 19:44 ]
Sujet du message:  Re: La Horse (Pierre Granier-Deferre - 1969)

Je les balaie pas d'un revers de main; des films pas marrants, il en faut mais La traque fait partie des très rares films que je n'ai aucune envie de revoir.
Maintenant, la mise en scène fruste de La horse, tu ne trouves pas que ça colle bien au perso de Gabin et à toute l'histoire en général ?

Auteur:  FingersCrossed [ 04 Juin 2024, 09:30 ]
Sujet du message:  Re: La Horse (Pierre Granier-Deferre - 1969)

je partage totalement l'enthousiasme de massinfect.
est-ce que c'est le meilleur film d'action français que j'ai vu ?
en tout cas c'est le plus franchouille des films d'action, et c'est le plus badass des films français. donc le combo ça envoie du très lourd.

ça tient monstrueusement sur gabin. qui a donc inventé liam neeson ? l'improbable papy flingueur. le charisme, la force, la crédibilité qu'il a. incroyable. y a des plans totalement iconique. c'est totalement génial comme le personnage est crédible et réaliste et ancré dans une réalité - le patriarche d'un autre temps, sans état d'âme, qui mène tout et tout le monde à la baguette, qui ne reconnait aucune autre autorité que la sienne sur ses terres - et ça dérive naturellement sur un mec avec un fusil de chasse qui regle ses problèmes lui-même. massinfect a raison de pointer le coup du pain : c'est à la fois tellement franchouille cette baguette qu'on coupe au couteau, et en même temps il le fait de manière tellement badass.

j'ai adoré l'histoire, à la fois hyper simple mais racontée intelligemment - on aurait pu croire que l'assaut des trafiquants serait l'histoire entière du film mais non, il y a toute la montée qui est intelligente et l'enquète aussi.
c'est aussi fort parce que ça parle d'une réalité de l'époque (l'acteur qui joue le petit fils est mort d'une overdose d'heroine, ça ne s'invente pas) mais qui correspond à la réalité actuelle aussi (le trafic de drogue qui gagne les territoires ruraux, un gros sujet des 10 ans à venir). cet imaginaire de la criminalité qui vient percuter les campagnes de tradition française est forcément puissant aussi. et c'est fou comme ça marche bien, sans aucune référence américaine, mais qui aurait cru qu'un guet apens dans un champ agricole français serait aussi visuellement efficace ?

tout est à l'os, la durée forcément qui donne un truc super efficace, et la mis en scène aussi. c'est sans fioritures mais hyper efficaces, carré.

et un pur plaisir d'histoire de genre, avec un fond réaliste, ce monstre gabin au milieu, pour ce prototype incroyable.

j'ai adoré, un pur smash.

Auteur:  Müller [ 08 Juin 2024, 23:12 ]
Sujet du message:  Re: La Horse (Pierre Granier-Deferre - 1969)

L'enthousiasme communicatif de FingersCrossed porte ses fruits.

Bon, forcément j'ai trouvé ça super. Tout ou presque a déjà été dit dès le premier post, mais ce qui m'a le plus touché c'est ce côté "fantasme d'empouvoirement" propre aux films de vigilante, dans lequels un personnage triomphe d'ordures toutes puissantes et met à l'amende les institutions censées les mettre hors d'état de nuire, qui sont au mieux inefficaces, au pire rendues complices par la corruption. Fantasme d'empouvoirement très mal vu, souvent qualifié de réactionnaire voire nauséabond, dans une culture cinématographique volontairement portée sur l'humanisation des criminels au nom du sacro-saint "point de vue sociologique" (après j'aime bien The Wire, hein).

On retrouve ici des préoccupations similaires à celles du personnage de Tommy Lee Jones dans No Country for Old Men, ou celui de Rip Torn dans Extreme Prejudice : que peut faire l'ancien monde, un monde local, resserré, stable et qui tourne aussi bien qu'il peut, contre une criminalité tentaculaire, diffuse, aux ramifications internationales et aux moyens aussi démesurées que ses méthodes sont redoutables ? Certes la cambrousse française avec ses grosses soupières, ses plats en sauce, son pain coupé au Laguiole en le tenant contre soi, n'a pas essuyé la montée en puissance fulgurante des cartels Méxicains dont la sauvagerie a directement inspiré l'Etat Islamique. Mais plus de 50 ans après la sortie du film, force est de constater que les milieux ruraux, qui ont longtemps surtout carburé à l'alcool, sont complètement gangrénés par les drogues dures au même titre que les villes. Ces produits sont dorénavant partout, et accablent de plus en plus de monde. Donc aussi réactionnaire que puisse être ce fantasme de justice sauvage, pas d'inquiétude à avoir : c'est un fantasme largement impuissant, la victoire des traficants internationaux et de leurs petites mains revendeuses est sans appel et définitive. Même s'ils n'auront jamais la médaille du travail.

La campagne était donc vraiment menacée par tout ça dès cette époque, c'était pas un délire. Et malgré le côté too much de série B, j'ai connu suffisamment d'agriculteurs "à l'ancienne" (de la génération d'avant qu'ils ne soient tous au RSA et dépendants des subventions parce que leurs exploitations ne génèrent aucun profit) qui auraient géré la situation comme ça, et sans broncher, dans cet esprit de gestion de la menace. Comme avec des loups.

Quelques autres petites touches rappellent d'autres films US, comme l'ancien combattant d'Indochine et ses allusions sur les conditions du retour qui font penser à Rambo. L'intrusion des hommes de main, qui préfigure Straw Dogs. Le commissaire et le juge qui se réveillent et font le taf avec force moyens une fois l'affaire conclue sur la ferme, parce qu'il faut tout de même que justice se fasse même avec les criminels qui ont des droits (dont celui de ne pas être abattus comme les clébards qu'ils sont), un trope qu'on retrouvera, par exemple, dans Law Abiding Citizen. Et puis c'est drôle aussi, notamment le coup du "c'était mon frère !" "bah ça m'étonne pas !" PAN !

Ce qui fait la force du film, c'est son ancienneté par rapport à l'envol pris par le genre aux US quelques années plus tard. Ca, plus le fait qu'il ne s'agisse pas pour autant d'un ersatz ou d'un brouillon. Il y a une vraie radicalité déjà bien coup de poing. Un remake paraîtrait forcément plus générique, et serait certainement moins mordant.

Auteur:  Mr Degryse [ 09 Juin 2024, 07:52 ]
Sujet du message:  Re: La Horse (Pierre Granier-Deferre - 1969)

Forcément déçu après tant d'enthousiasmes . Petite série B souffrant d'être pionnière d'un genre multi filmé donc forcément multi vu et souvent en mieux.
L'intérêt premier reste l'encrage dans une ruralité française très stéréotypée. Le second est sa durée.
Dans le genre chez les bouseux, je préfère Canicule de Boisset . Et en film français utilisant un décor totalement français et des stars françaises pour raconter une histoire à l'américaine, les grandes gueules d'Enrico est bien supérieur.

Une découverte agréable mais bien loin d'être indispensable ou le chef d'œuvre sur vendu par certains.

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