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Le Prestige de la mort (Luc Moullet - 2006)
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Auteur:  Zad [ 13 Juin 2007, 23:07 ]
Sujet du message:  Le Prestige de la mort (Luc Moullet - 2006)

J'ai de la tendresse pour Moullet, et son dernier film la renforce.
Il s'y met en scène dans un pitch quasi-à la Veber, çàd que
découvrant un cadavre lors de repérages pour un film qu'il ne tournera jamais faute de pognon, il saisit l'occasion pour se faire passer pour mort, et ainsi faire grimper artificiellement la cote autour de son nom. Enfin, les 30 de ses 33 films pas encore achetés par Arte vont passer à la TV!

Manque de bol: Godard décède le même jour, ce qui risque fort de minimiser la sienne, de mort... Alors il déplace le corps, et finit par passer pour son propre assassin!


Voilà pour l'histoire, qui déjà est savoureuse.

Pour le reste, c'est du Moullet: les acteurs jouent faux mais sont attachants, il y a un burlesque à froid, comme à retardement, dans l'écriture comme dans la mise en scène, qui carbure à une idée pas toujours très fine, mais une idée quand même, par plan. Tout est toc, rien n'est pris au sérieux... Du point de vue de la photo, ça semble sorti du même seau que la série du Gendarme...

Mais c'est aussi plein de poésie, pas dupe, inventif avec deux bouts de ficelle (plutôt beau travail sur le son), en cinéma amateur conscient de son état.

Enfin voilà, on n'éclate pas de rire toutes les deux secondes, mais ça se suit avec la banane, si on n'est pas trop regardant sur les évidentes faiblesses techniques.

Je trouve que ça se regarde notamment vachement mieux qu'À vot' bon coeur, par ex. Déjà, c'est plus court, et ensuite, ça tourne moins en rond.

Et puis il y a Moullet, quoi. Moullet qui peut filer des boutons à beaucoup de monde, ou qui séduit par sa bizarrerie. Sa voix, sa tronche, sa façon voutée et presque souffreteuse de bouger... Je le trouve très émouvant, ce mec.

(ps: la chanson du générique de fin est géniale)

Auteur:  Zad [ 18 Juin 2007, 08:56 ]
Sujet du message: 

oh mais dis donc ça passionne tout le monde on dirait!

et donc la critique (je crois que je ne sais plus écrire de critiques, c'est terrible, mes textes sont tout pourris ces derniers temps, ça me déprime)




http://filmdeculte.com/film/film.php?id=1860

SIC TRANSIT GLORIA MOULLET

Pour qui filme encore Luc Moullet? Pour les nostalgiques de la Nouvelle Vague, dont les mémoires sélectives ne lui accordent que trop rarement asile? Pour prolonger une œuvre tant méconnue que majoritairement invisible? Pour la presse, peut-être, les joies et peines de la critique?… Pour qui, pourquoi filme-t-on, en France, quand on s'adonne à un cinéma désargenté et confidentiel? C'est la question qui préside au Prestige de la mort, dernier film du réalisateur de Brigitte et Brigitte, bouclé depuis 2006 et qui, enfin, débarque dans (très peu de) nos salles. Les réponses sont diverses, souvent potaches, mais jamais innocentes. D'abord, réponses par élimination: pourquoi ne filme-t-on pas? Pas pour la télévision: TF Hun ou France d'Œuf, même hypocrisie, même avarice, mêmes courbettes feintes, même médiocrité. Pas pour les proches: ils ont perdu la foi, préfèreraient arrêter là les frais et pour tout dire s'en fichent un peu. Pas pour le public: il boudera les salles et de toute façon ignore souvent jusqu'au nom de Moullet. Corollaire évident: certainement pas pour l'argent.


Pour la gloire, alors? Ce pourrait être ça. C'est en tout cas ce que laisse d'abord à penser le pitch quasi-Veberien du Prestige de la mort (beau titre): un certain Luc Moullet, cinéaste has been (has he ever been?) en quête d'un introuvable financement, met en scène sa propre mort, espérant ainsi relancer sa cote auprès des cinéphiles et amener, par la grâce de ce prestige posthume, les "trente de ses trente-trois films" jamais achetés par Arte, à être enfin diffusés - mais attention, pas les courts métrages, dont les droits valent moins chers, et dont il faudra en conséquence prétendre que les négatifs ont été perdus! Le film s'attache d'abord longuement aux détails de l'euphorie étrange de ce Moullet incognito, cherchant son nom sur les stèles de papier faisant (rêve candide) les unes des étalages des bureaux de presse. Évidemment, la combine a aussi ses revers et ses imprévus, la machine ses ratés (notamment le décès, réel cette fois, d'un cinéaste Suisse prochinois au nom plus porteur…). Trame ultra-classique sous les clins d'œil cinéphiles? Sans doute et il faudra une fois de plus en cette année déceptive (Moullet peut paraître ringard, mais il est en cela dans l'air du temps), apposer l'adjectif mineur au Prestige de la mort.


Sans se morfondre pour autant : certes, la portée du film reste limitée; certes, la photo fauchée fait parfois peine à voir… Mais combien de cinéastes français auront, cette année, fait montre d'un tel plaisir de, simplement, filmer (mettons, avec des réussites diverses: Pollet, Robbe-Grillet, Téchiné, Rivette et c'est à peu près tout)? Car voilà bien pourquoi Moullet tourne: par plaisir, par pure jubilation. Et cette joie de filmer transpire de chaque plan, passant avec bonheur de coups de coudes connivents (savoureux rôle secondaire de Bernadette Laffont), à des jeux sur les codes (burlesque à froid, polar boiteux, comédie franchouillarde réhabilitée) et à une poésie de bricoleur (les bouquets de parasols sauvages fleurissant parmi les rochers, le réjouissant travail sur le son, la folie douce des intervalles de montage…). Au centre, Moullet bien sûr, toujours chevrotant, souffreteux et bouleversant, toujours grotesque, sublime et émouvant, et sa galaxie d'acteurs, plus ou moins amateurs, jouant plus ou moins faux. Lorsqu'au détour d'un climax hilarant, le décapsuleur de Coca-Cola le plus maladroit du monde (Essai d'ouverture, souvenez-vous) agrippe un volant, se fantasmant conducteur de rallye, un rapprochement inattendu survient: un film "de la mort" rendant leur respectabilité à des genres oubliés voire méprisés, en y imprimant, avec une ivresse évidente, une patte très personnelle, tout en faisant gronder des bolides, ça ne vous rappelle rien? Attendez de mesurer le soin apporté à la bande-originale (géniale chanson de générique final) et vous verrez qu'on n'a pas (complètement) perdu la tête…

Auteur:  asper [ 25 Juin 2007, 23:43 ]
Sujet du message: 

Zad a écrit:

un film "de la mort" rendant leur respectabilité à des genres oubliés voire méprisés, en y imprimant, avec une ivresse évidente, une patte très personnelle, tout en faisant gronder des bolides, ça ne vous rappelle rien? Attendez de mesurer le soin apporté à la bande-originale (géniale chanson de générique final) et vous verrez qu'on n'a pas (complètement) perdu la tête…



Il faut vraiement aller voir ce film avant qu'il disparaisse! j'ai eu Moullet com prof et vraiment c'est un cinéaste génial!! et son film là est son meilleur

Auteur:  Zad [ 26 Juin 2007, 06:39 ]
Sujet du message: 

ah il marque toujours ses étudiants (j'en fus ;) ).

son meilleur, par contre, c'est pas exactement ce que je dirais, non...

Auteur:  Gerry [ 09 Juil 2007, 15:57 ]
Sujet du message:  Re: Le Prestige de la mort (Luc Moullet - 2006)

Mon premier Moullet (à part le court Essai d'ouverture), et j'ai vraiment bien kiffé. Désarçonné au début (putain, mais pourquoi ils jouent comme ça? pourquoi c'est filmé comme ça? qu'est-ce qui se paaaaasse? surtout quand il pleut dans la salle, ça rend le tout incongru), puis petit à petit le burlesque complètement barge prend le dessus et les pseudos erreurs participent de l'élan créatif très très singulier du film.

En tout cas, j'ai souri tout le long du film, parfois j'étais vraiment bidonné, mais pour cela il faut à la base apprécier Moullet, je pense, la mise en scène étant rarement la créatrice du rire (sauf par le son, qui est parfois bien foutu : le bruit de mobylette sur la voiture qui roule à fond, hi hi).

A côté de ça, c'est assez inégal (à l'instar des "visions oniriques du film", parfois très drôles, parfois navrantes, et qui dans l'ensemble ne sont pas très originales), mais y a toujours quelque chose qui rattrape le film, un plan, un truc marrant (France d'Oeuf, chez moi ça marche), une belle idée (comme le
plan de la mort de Moullet *en même temps je sais pas pourquoi je hide, tout le monde s'en branle de ce film!*
), etc. Un film attachant, comme dirait Studio.

4/6

Sinon, c'est dingue comme c'est pompé (pour la trame) sur Le Défunt par erreur, nouvelle de Buzzati (dans le recueil Le K).

Auteur:  Zad [ 09 Juil 2007, 16:21 ]
Sujet du message: 

ah tiens, ça fait plèze... :D

moi, je me repasse de temps en temps la chanson de fin, qui est vraiment très drôle...

Auteur:  asper [ 14 Juil 2007, 02:44 ]
Sujet du message: 

Zad a écrit:
ah tiens, ça fait plèze... :D

moi, je me repasse de temps en temps la chanson de fin, qui est vraiment très drôle...


Commetn tu fais pour avoir la chanson de fin? j'aimerai bien l'avoir!!!

Auteur:  asper [ 23 Juil 2007, 21:23 ]
Sujet du message: 

Bah ça! je reviens quelques jours sur un poste internet et personne n'a parlé du film de moullet!!! personne la vu sur le forum? c'est pourtant un super film d'un réal génial. ah là là!

Auteur:  Zad [ 23 Juil 2007, 21:27 ]
Sujet du message: 

je crois que karloff l'a vu aussi mais aime autant ne rien en dire (il n'a pas aimé, à ce que j'ai pu comprendre)

je ne m'attendais pas à ce qu'on soit quatre à le voir sur ce forum, je trouve ça déjà honorable à l'échelle des (forcément) maigres entrées réalisées.

Auteur:  Karloff [ 23 Juil 2007, 21:37 ]
Sujet du message: 

enfin ce que j'ai à dire n'est guère passionnant. Je trouve ça d'un amateurisme charmant et désuet. Mais d'un amateurisme un peu gênant quand même...

Auteur:  Zad [ 23 Juil 2007, 21:57 ]
Sujet du message: 

c'est pleinement assumé et par conséquent, on peut réussir à passer outre. Mais je comprends qu'on puisse rester hermétique.

Auteur:  Cosmo [ 24 Juil 2007, 09:33 ]
Sujet du message: 

J'ai le dvd à la maison, mais j'avoue que j'hésite. Les Naufragés de la D17 m'ont tuer.
Sans compter une espèce de moyen métrage tout pourri dans lequel Moullet danse sur une plage en plan fixe pendant 30 minutes.

Auteur:  Cosmo [ 26 Mai 2022, 22:11 ]
Sujet du message:  Re:

Cosmo a écrit:
J'ai le dvd à la maison, mais j'avoue que j'hésite. Les Naufragés de la D17 m'ont tuer.


Quinze ans après, j'ignore ce que j'ai fait du DVD (j'ignorais même l'avoir un jour eu en ma possession), mais j'ai tenté le film après son Billy le Kid et Les Sièges de l'Alcazar. Trois Moullet en une semaine, c'est sans doute trop de trop d'amateurisme forcé, de voix chevrotantes, d'acteurs hésitants. Le pitch, assez astucieux, donnerait un formidable remake. Mais comme dit Karloff, c'est plus gênant qu'autre chose (alors que j'apprécie beaucoup son Anatomie d'un rapport). Je vais quand même tenter Brigitte et Brigitte et je refermerai la parenthèse pour retourner à des choses plus sérieuses.

Auteur:  vikas2kumar [ 27 Mai 2022, 11:15 ]
Sujet du message:  Get mobile repaired at home

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Auteur:  bmntmp [ 18 Mar 2024, 14:37 ]
Sujet du message:  Re: Le Prestige de la mort (Luc Moullet - 2006)

Eh beh, la critique de Zad était pas mal.

Con comme je suis, j’imaginais que c’était une nouveauté, surtout avec les blagues sur la mort de Godard. J’étais étonné de voir Moullet si fringant, les macs bleus de l’époque et un soin dans la reconstitution étonnant. Bon je me suis rapidement rendu compte de mon erreur. Un pitch à la Francis Veber ? Bon, chacun ses refs : on pense à Un mort encombrant de Stevenson (comme dans Rotting in the sun récemment ou quantité d’autres films), s’y ajoutent l’usurpation d’identité et le fantasme de la mise en scène de sa propre mort qui donne lieu à un passage fort amusant dans Tom Sawyer. On pense à Mocky forcément : c’est fait avec deux bouts de ficelle, les metteurs en scène se donnent le rôle principal (plus économique) et donnent libre cours à leur diction hors d’âge et à leur tempérament loufoque, qui pour être légèrement amusant, n’en est pas moins empreint d’une médiocrité typiquement française. L'inénarrable Jean Abeillé, acteur fétiche de Mocky, joue d’ailleurs un bref rôle. La mise en scène de Moullet est plus tenue quand même, l'inventivité supérieure. Quant au sens des repérages, Mocky l'avait, pour représenter par exemple la laideur architecturale post-70 française. Ici Moullet revient à ses Alpes de Haute-Provence, qu'il filme à merveille, il est vrai. Les références précitées et l’inventivité de bric et de broc ont aussi des équivalents autrement plus stimulants et poétiques chez Mariano Llinas/Moguillansky en Argentine. On apprécie comme de bien la loufoquerie, de brèves embardées poétiques toujours sapées par l’ironie et l’anachronisme (les scènes de l’adaptation de Thomas Hardy), mais ça tourne beaucoup à vide. Il y a de quoi stimuler un étudiant en cinéma, il est vrai, a fortiori de nos jours ou n’importe qui peut jouer avec les fonds verts etc mais pas beaucoup plus, mais c'est déjà pas mal.

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