aka Scandal aka 醜聞 (Scandale)
Offusqué de voir sa photo faire la couverture d'un journal à scandale, lui prêtant une liaison avec une chanteuse, un célèbre peintre s'adjoint les conseils d'un avocat douteux.
Là aussi, forcément, coincé entre Chien enragé et Rashomon, ce film avait, comme Le Duel silencieux, bien du chemin à parcourir pour s'imposer et malheureusement, il peine un peu, s'avérant trop léger. Un qualificatif qui s'applique autant à la tonalité de la première moitié, faisant croire à une potentielle romance, laissant cours à certains traits d'humour, qu'au traitement de la trame dramatique dans son ensemble. Je lis que le cinéaste voulait dénoncer la montée d'une presse malhonnête dans le Japon d'après-guerre mais face au film, c'est la première fois que je me suis dit qu'on pourrait transposer l'intrigue dans un autre pays sans que le contexte n'y change vraiment quoi que ce soit. Un engagement politique certain demeure, dans une dénonciation un peu timide de la misogynie et un peu grossière de la corruption mais, à l'instar du Duel silencieux encore une fois, l'écriture se fait redondante dans la partie centrale qui marque la bascule vers un récit plus dramatique où le protagoniste n'est plus le peintre joué par Mifune mais l'avocat joué par Takashi Shimura, l'autre acteur fétiche de Kurosawa, rongé par la honte. Le procès final s'en retrouve réduit à une formalité avant la rédemption finale et le propos est joli mais l'ensemble ne s'incarne que peu et ce malgré les tournures les plus tragiques de l'histoire.
Reste la mise en scène de Kurosawa, qui se modernise et se fait de plus en plus mobile, avec notamment quelques masters composés de plusieurs échelles dans un seul et même plan, et d'autres travellings accentuant l'emphase sur des moments dramatiques. Mais l'ensemble demeure moyen.