aka The Quiet Duel aka 静かなる決闘
Pendant la seconde guerre mondiale, Kyoji, un jeune chirurgien, se blesse au doigt lors d’une opération difficile où le soldat, Nakada, est sauvé. Mais ce dernier est syphilitique et Kyoji contracte la maladie qui est alors quasiment incurable… De retour à la vie civile, il ne veut pas révéler sa situation et décide de rompre avec sa fiancée qui l’a attendu pendant toute la guerre. Ni elle, ni le père de Kyoji n’arrivent pas à comprendre ses motivations. Mais quand Kyoji découvre que Nakada non seulement ne se soigne pas mais a contaminé sa femme, la lutte intérieure, le « duel silencieux » qu’il livre entre son désir et son devoir va prendre des proportions insoutenables….
Petite baisse de régime avec ce Kurosawa clairement mineur et visiblement méconnu, adapté d'une pièce dont il ne parvient pas vraiment à transcender le manque de consistance malgré une mise en scène plutôt inspirée. En fait, tu as lu le synopsis ci-dessus, tu as vu le film. Il n'y a simplement pas assez de matière, le scénario ne faisant rien de ce postulat si ce n'est répéter les mêmes atermoiements pendant près d'une heure jusqu'à l'explosion du personnage aux deux-tiers qui donne à Mifune l'opportunité de livrer ce que les mauvaises langues appelleraient aujourd'hui "son extrait à diffuser lors de sa nomination aux Oscars".
Nul doute qu'une fois de plus la maladie sert de métaphore, cultivant cette fois la notion de honte ressentie par la nation due à son implication dans la guerre, mais ça fait pas un film. Le titre est très beau mais on ne ressent jamais dans le film cette lutte étant donné que le protagoniste prend sa décision dès le départ et ne vacille jamais. D'un point de vue dramaturgique, c'est donc relativement inerte, en dépit de compositions kurosawaïennes regroupant un trio de personnages liés dans le cadre.
Alors oui, on se raccroche à la mise en scène, comme lors de cette excellente introduction sur une opération chirurgicale dans la jungle en pleine guerre, les amorces venant sans cesse accentuer la tension, en plus de peindre un portrait de la situation dans sa spécificité, qu'il s'agisse d'un éventail ici ou d'une assiette dans laquelle goutte la pluie depuis le plafond fuyant. Ou encore de ce travelling parcourant le couloir de la clinique de façon élégante, sans attirer l'attention.
Coincé entre L'Ange ivre et Chien enragé, cela le rend d'autant plus oubliable.