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Bram Stoker's Dracula (Francis Ford Coppola, 1992)
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Auteur:  Film Freak [ 17 Mai 2024, 09:22 ]
Sujet du message:  Bram Stoker's Dracula (Francis Ford Coppola, 1992)

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En 1492, le prince Vlad Dracul, revenant de combattre les armées turques, trouve sa fiancée suicidée. Fou de douleur, il défie Dieu, et devient le comte Dracula, vampire de son état. Quatre cents ans plus tard, désireux de quitter la Transylvanie pour s'établir en Angleterre, il fait appel à Jonathan Harker, clerc de notaire et fiancé de la jolie Mina Murray. La jeune fille est le sosie d'Elisabeta, l'amour ancestral du comte...

Mais quel chef-d’œuvre de maboule.

Je ne dis pas ça parce qu'il s'agit du tout premier Coppola (et Dracula) que j'ai vu, à l'âge de 11 ans et demi, en VHS sur une petite télé dans une salle de classe dans le cadre du ciné-club de mon collège, parce qu'à l'époque le film m'était passé au-dessus. Non, c'est en le redécouvrant bien des années plus tard que j'avais été subjugué par l'approche visuelle du film, à commencer par les costumes improbables d'Eiko Ishioka, devenue instantanément ma référence en matière d'idiosyncrasie folle.

Le film a beau mêler le personnage historique de Vlad Tepes ayant inspiré Bram Stoker à sa création, l'ouvrage se situe hors de toute réalité dès son ouverture fiévreuse, où l'armure a des atours de musculature à vif et les croix en pierre saignent quand on y enfonce son épée pour renoncer à Dieu. Le cinéaste avait déjà traité ses histoires avec l'ampleur tragique d'un opéra, cette fois il en adopte carrément l'esthétique dans les costumes donc (la robe dorée inspirée de Klimt!) mais aussi les coiffures (la chignon improbable du vieux comte!), la direction artistique (le château en forme de mec sur un trône!), la photo expressionniste as fuck (l'ombre autonome du vampire!) et les effets spéciaux délibérément vintage (la maquette du train sur le journal intime géant en perspective forcée!).

C'est un véritable festival et un régal pour les yeux jusque dans les effets de style les plus kitschs (surimpressions, transitions) qui revêtent une facture sémiologique, laissant le spectateur s'enivrer et se perdre dans les symboles (yeux, soleil, anneau de feu et tout plein d'autres cercles comme icônes de l'union, prévalant sur les icônes religieuses) et l'ambiance de rêve éveillé à tendance cauchemardesque que la mise en scène confère au film.

En troquant le vieux prédateur venu d'ailleurs pour une figure désespérant romantique, le scénario compose un Dracula bien plus intéressant, relatable, et séduisant, interprété à merveille sous toutes ses formes - et elles sont si nombreuses! c'est jubilatoire - par mon caméléon sûr Gary Oldman, un choix tellement audacieux vis-à-vis des canons de beauté. Là cette fois, c'est pas Le Parrain III, Winona Ryder n'est pas remplacée et la romance prend le devant de la scène et tu achètes à 100% que la meuf se damne pour le bel étranger sexué.

Plus encore que le Terence Fisher ou le Nosferatu de Herzog (pas vu le Badham ni le Morrissey), cette adaptation embrasse plus que jamais la nature charnelle du vampire et le sexe transpire par tous les pores du film, traversé par un sentiment de fascination/répulsion entre les échanges de fluide propice à la transmission de la maladie - c'est 100% un film "crise du SIDA" - et la frustration liée à la répression sexuelle pour ces jeunes femmes aux multiples prétendants de l'Angleterre victorienne. On a beau réagir avec dégoût aux illustrations du kama sutra, on le feuillette tout de même en ricanant. La copine chaude se fait baiser par un chien. Et quand l'héroïne choisit de céder définitivement aux avances du vampire pour qu'il la transforme, c'est filmé comme la fucking pipe du siècle.

Et c'est aussi golri! Parce que Anthony Hopkins a parfaitement compris le film dans lequel il était et campe un Van Helsing génialement hors sol, parce que le quatuor constitué du texan Quincey, du docteur Jack, du bon parti Arthur et du falot Harker, tous complètement dépassés (par la situation aka la sexualité soudainement exacerbée des dites femmes) est gentiment ridicule (à la réflexion, Keanu Reeves est à la fois miscast et vaguement bien vu même s'il reste mauvais).

Fuck religion. Fuck science. Fuck each other.

Perfect. No notes.

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 17 Mai 2024, 12:34 ]
Sujet du message:  Re: Bram Stoker's Dracula (Francis Ford Coppola, 1992)

Chef d'oeuvre. Y a en effet juste les trois stooges white bread qui sont un peu trop "la fadeur début 90s". Le reste: rien à dire.

Auteur:  Bêtcépouhr Lahvi [ 17 Mai 2024, 12:56 ]
Sujet du message:  Re: Bram Stoker's Dracula (Francis Ford Coppola, 1992)

Très bel hommage au cinéma aussi. Même si la démonstration est parfois un peu trop malicieuse ou à la limite du plagiat.
Film Freak a écrit:
Et quand l'héroïne choisit de céder définitivement aux avances du vampire pour qu'il la transforme, c'est filmé comme la fucking pipe du siècle
C'est pompé sur Dracula, prince des ténèbres où l'effet sexuel est même plus fort, tant le Coppola pue le sexe quasi dès le début, l'effet est plus anecdotique (mais Oldman est grand).

La musique aussi est une tuerie. Et l'impression qu'elle a accompagné les BA de tout film un peu Dark pendant les années à suivre (une de mes premières K7, ma première BOF en tout cas).

Auteur:  Déjà-vu [ 17 Mai 2024, 13:09 ]
Sujet du message:  Re: Bram Stoker's Dracula (Francis Ford Coppola, 1992)

Film Freak a écrit:
Je ne dis pas ça parce qu'il s'agit du tout premier Coppola (et Dracula) que j'ai vu, à l'âge de 11 ans et demi, en VHS sur une petite télé dans une salle de classe dans le cadre du ciné-club de mon collège, parce qu'à l'époque le film m'était passé au-dessus.

Dinguerie de voir ce film à cet âge, je l'ai vu à presque treize ans à sa sortie et je me souviens de la séance comme si c'était hier.

Citation:
le sexe transpire par tous les pores du film, traversé par un sentiment de fascination/répulsion

Un vrai choc principalement pour ça, aujourd'hui encore c'est peut-être un des rares films qui arrivent à me mettre mal à l'aise. A vrai dire je ne connais pas de film aussi ouvertement sexuel.

Bêtcépouhr Lahvi a écrit:
La musique aussi est une tuerie. Et l'impression qu'elle a accompagné les BA de tout film un peu Dark pendant les années à suivre (une de mes premières K7, ma première BOF en tout cas).

J'allais le dire, a kilar soundtrack, et je me souviens de la musique dans la bande-annonce de Demolition Man.

Auteur:  Cosmo [ 17 Mai 2024, 13:24 ]
Sujet du message:  Re: Bram Stoker's Dracula (Francis Ford Coppola, 1992)

Vu et adoré en 93 à dix-huit ans, revu et bien rigolé deux ans plus tard, rerevu en 2020 et arrêté au bout de trente minutes pour revendre le blu-ray tellement je trouvais ça insupportable. Rererevision prévue d'ici quelques semaines.

Auteur:  Le Cow-boy [ 17 Mai 2024, 13:59 ]
Sujet du message:  Re: Bram Stoker's Dracula (Francis Ford Coppola, 1992)

Un peu comme Cosmo. J'avais trouvé ça sympa et 1000 fois trop long au cinéma (et bien en dessous du roman niveau flippe), puis j'avais tenté une revision que j'avais arrêté très vite tant j'ai trouvé ça lourdingue et ringard puissance 1000.
Et Keanu, avec lequel je suis pourtant très indulgent, y joue comme une patate.

Auteur:  Mickey Willis [ 17 Mai 2024, 14:12 ]
Sujet du message:  Re: Bram Stoker's Dracula (Francis Ford Coppola, 1992)

Vu une seule fois et ça m'avait beaucoup impressionné. Souvenir d'un film très baroque et en effet bien sexualisé. A revoir.

Auteur:  Cosmo [ 17 Mai 2024, 14:36 ]
Sujet du message:  Re: Bram Stoker's Dracula (Francis Ford Coppola, 1992)

Le Cow-boy a écrit:
Un peu comme Cosmo. J'avais trouvé ça sympa et 1000 fois trop long au cinéma (et bien en dessous du roman niveau flippe), puis j'avais tenté une revision que j'avais arrêté très vite tant j'ai trouvé ça lourdingue et ringard puissance 1000.
Et Keanu, avec lequel je suis pourtant très indulgent, y joue comme une patate.


Keanu oui. Hopkins qui en fait des tonnes. Le cow-boy qui ne sert à rien (désolé ;) ), certaines scènes qui frôlent le ridicule...
Et surtout (mais j'admets que là, ça passe ou ça casse selon le spectateur), cette impression de trop-plein. Il n'y a pas un plan sans une "ombre inquiétante" en fond, c'est fatiguant.

Auteur:  Fire walk with me [ 17 Mai 2024, 16:09 ]
Sujet du message:  Re: Bram Stoker's Dracula (Francis Ford Coppola, 1992)

De la confiture à des cochons

Auteur:  Müller [ 17 Mai 2024, 17:49 ]
Sujet du message:  Re: Bram Stoker's Dracula (Francis Ford Coppola, 1992)

Des images très fortes, et une cohérence admirable dans bien des parti-pris, mais faire de Mina Harker une nana sous emprise jusqu'au bout m'a toujours paru moins romantique ou même intéressant qu'hyper régressif. Si c'est ça l'alternative à la répression de l'ère victiorienne, comment dire.

Auteur:  Film Freak [ 17 Mai 2024, 18:52 ]
Sujet du message:  Re: Bram Stoker's Dracula (Francis Ford Coppola, 1992)

Haha le puceau.

Auteur:  Müller [ 17 Mai 2024, 19:08 ]
Sujet du message:  Re: Bram Stoker's Dracula (Francis Ford Coppola, 1992)

https://www.jeuxvideo.com/forums/42-51-68822436-1-0-1-0-moi-puceau.htm

Auteur:  Film Freak [ 17 Mai 2024, 22:06 ]
Sujet du message:  Re: Bram Stoker's Dracula (Francis Ford Coppola, 1992)

Extraordinaire, je ne l'avais jamais lu en entier.

La fin est magique.

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