Au tout début du XXe siècle, Joe et Paul Hill deux frères venus de Suède, émigrent aux États-Unis. À leur arrivée à New York, ils sont confrontés à l'épouvantable pauvreté des quartiers populaires. Le pays de cocagne qu'ils pensaient atteindre leur réserve d'amères désillusions. Paul quitte la ville le premier et bientôt Joe prend lui aussi la route de l'Ouest.
Un Bo Widerberg qui a reçu le prix spécial du jury à Cannes en 1971. Ce qui est fascinant, c'est comment le cinéaste va s'attaquer par des chemins de traverse à la légende de l'ouest. Meme sans cow-boys et indiens, le film est un western qui conte la conquete des grands espaces américains mais sous le prisme des immigrés et des laissers pour compte. Ce que film Widerberg, c'est le destin d'hommes qui viennent chercher la fortune et un nouvel espoir par delà l'atlantique mais vont se prendre le mur de la réalité en pleine face. Rien que par son pitch, le film est étonnamment moderne et on peut tisser de nombreux parallèles avec notre période actuelle.
Dès le début, le projet est annoncé dans cette scène où un gamin vole une fourrure à une riche bourgoise. Après une course-poursuite, cette dernière retrouve dans son voleur dans un quartier où lui explose la pauvreté à pleine gueule : des gueules cassées, des ivrognes, des haillons. Le film est éminemment politique, mais avec sa douceur typique, jamais Widerberg ne s'apitoie ou tombe dans le misérabilisme. En cela bien aidé par l'énergie de son acteur Thommy Berggren, c'est un périple et une fuite en avant qu'il filme. Il va surtout se concentrer sur le milieu ouvrier et ces individus qui partent à l'aventure avec rien qu'un baluchon, l'envers du décor du reve américain. Envers parfaitement résumé par une scène où des bourgeois imposent à des grévistes d'embrasser le drapeau américain tout en les frappant. Le drapeau se recouvre alors de sang. Ce qui film Widerberg, c'est la fin d'un reve, l'injustice et l'iniquité d'un pays envers ses petites mains et nouveaux arrivants.
Kokoff, tu peux le mettre dans un de tes festivals de cannes.