les films qu'on aime pas, mais qu'on respecte.
parce que dans l'absolu, c'est un premier film français à (relativement) petit budget de 1991, qui ne ressemblait à rien qui se faisait en france à ce moment-là, et qui de fait continue d'être vu et diffusé et d'être impressionnant 30 ans après, avec dans l'équipe des bébés jeunet, khondji, karin viard... et évidemment l'univers est extrêmement fort, ce casting unique, ces 2000 idées de directions artistiques par minute, la photo et ce style visuel déjà abouti mais qui deviendra iconique, le travail sur le son riche et méticuleux, l'oeuvre de gens qui débordent d'envie et d'appétit et d'amour du cinéma - à défaut d'avoir vraiment quelque chose à raconter.
et en même temps, ça ne me parle pas du tout, voire même ça m'agace, je déteste cet humour, je trouve tout ça extrêmement laid, ostentatoire au service de pas grand chose, l'impression que je ne m'entendrais pas avec une seule personne de l'équipe artistique. et il y avait caro à la projection, avec beaucoup d'amis à lui dans la salle, des rescapés de la consommation de drogues dures dans les années 80, et il y avait aussi jan kounen et sa carrière n'importe quoi, et c'était à la fois un univers social et artistique fort qui était là, mais tout ça datait d'il y a mille ans et en vrai, n'avait pas été très porteur. caro n'a eu aucune vraie carrière - et il a dit à quel point terry gilliam avait été une inspiration essentielle - et gilliam lui même a disparu dans les flammes, et puis évidemment ça a lancé jeunet mais il y a son crash monumental post 2004...
alors il y a des modes et des films qui incarnent leur époque, mais là ça ressemble plus à une petite bulle hors d'âge, témoignage d'une dynamique artistique remarquable mais qui n'a rien à dire et qui, du coup, survit mal à sa forme datée.
et puis au q&a, j'ai dit à marc caro que la narration était très fragmentée, que l'histoire du boucher n'était qu'une petite histoire parmi d'autres de fragments de la vie de cet immeuble, et que certains morceaux ressemblaient à des courts-métrages, des scènes ressemblent carrément à une publicite, et le scénario ressemble plus à une boite à idée qu'à une narration construite. ça l'a manifestement vexé puisqu'il m'a répondu que harvey weinstein lui avait dit la même chose et il n'avait pas l'air de le dire gentiment - mais enfin je maintiens, le smash de jeunet c'est quand il se décide à raconter proprement une histoire....
ressorti hier dans une très belle restauration !