Jawan est un thriller intense qui retrace le parcours émotionnel d'un homme prêt à rectifier les erreurs de la société.
J'ai choisi cette affiche même si elle n'est pas foncièrement représentative du film (qui n'est pas un film fantastique, contrairement à ce que ce visuel pourrait laisser croire) mais toutes les autres ressemblaient à celles de DTV.
I mean...
Or, cela ne ferait pas honneur à cet incroyable film qui vient confirmer la vitalité du cinéma de divertissement indien.
Je sais ce que vous allez dire, surtout l'esprit étriqué de Qui-Gon Jinn qui ciblait déjà la présence régulière d'un film du Moyen-Orient dans chacun de mes tops de fin d'année, "ça y est, maintenant il va mettre un Bollywood dans son classement à chaque fois".
S'il ne saurait se mesurer à la démesure de l'emphatique et empathique RRR, destiné à devenir le mètre-étalon (en tout cas pour moi) des blockbusters indiens, Jawan n'en demeure pas moins un nouvel exemple des ressources enthousiasmantes de cette cinématographie.
Comme je le disais, l'affiche est trompeuse. En réalité, elle n'illustre réellement que la phénoménale introduction du film, qui rappelle justement l'entreprise de mythification de RRR, mais le reste du film n'a rien à voir. Et ce n'est pas ce pitch Allociné vaguissime qui peut vous donner une véritable idée de l'improbable cocktail concocté par le film.
En gros, Jawan, c'est la version masala de The Dark Knight Rises mais avec un Bane de gauche qui serait le héros justicier du film.
Après une ouverture réjouissante donc, le récit avance délibérément (littéralement?) masqué un moment, durant un premier acte un peu longuet mais qui pourrait à lui seul faire l'objet d'un film entier et n'est que le véritable point de départ d'un film à la fois décomplexé et profondément engagé.
Cartons sur l'écran, ralentis ou-tran-ciers, inévitables numéros musicaux communicatifs en DIABLE, indéniable egotrip de l'inénarrable Shah Rukh Khan qui joue deux rôles et arbore près d'une dizaine de looks différents, backstory mythologisante digne d'un comic book, digression par la romance la plus ornementée et même un climax d'inspiration Mad Max, le film se permet tout, aussi interminable que généreux.
Ici, c'est pas du Transformers, si ça dure 2h47, c'est pas parce qu'on laisse ses comédiens improviser en roue libre des scènes hors sujet, c'est parce qu'il y a toujours plus d'histoire, de flashbacks, d'action, de chansons...c'est vraiment un genre en soi, que je découvre sur le tard et que je trouve proprement fascinant dans sa cohésion.
Et ce qui est fabuleux, c'est que c'est au service d'un propos ouvertement politique, avec un protagoniste qui ne s'en prend pas à un simple criminel mais directement au gouvernement, employant des méthodes de terroristes pour redresser les torts d'une société capitaliste et corrompue. C'est bien évidemment du fantasme pur, l'équivalent d'un golem au service du peuple opprimé, mais il y a quelque chose de pertinent dans la nature soap opera d'une intrigue qui inscrit la nécessité de la lutte comme un héritage, un défi à assumer pour la nouvelle génération (oui, avec un acteur de 57 ans qui joue un mec de 36 ans).
Et c'est fait avec tellement d'envie et d'abandon que c'en est kiffant.
