Premier long métrage d'un second unit director sur The Warrioirs et Predator, Action Jackson reprend les éléments de base de Beverly Hills Cop (Detroit, flic noir indiscipliné vs. homme d'affaire véreux mais au-dessus de tous soupçons) avec une approche plus bourrine : au lieu de l'agilité physique, mentale et verbale d'Eddy Murphy, on se retrouve avec les muscles tendus comme des câbles et la moustache Saint-Maclou de Carl Weathers (Jericho "Action" Jackson).
Déjà, c'est le metaverse Hill/McTiernan niveau gueules à chaque coin de scène. Je ne ferai pas liste de tous les seconds-couteaux de l'époque qui défilent à l'écran du début à la fin, ça ferait trop généalogie de l'Ancien Testament.
Ensuite, on est bien sûr dans le pulp 80's le plus total : travelings dans les commissariats bondés en open-space, remplis de putes permanentées et de flics trempés de sueur qui se hurlent dessus et se vannent, tous les lieux clos sont saturés de fumée de cigarette, le moindre rade en sous-sol est prétexte à un guet-apens, la même corruption ronge les rues mal-famées que l'univers des ultra-riches, on a le groupe d'assassins mercenaires qui sortent de nulle part, le méchant cruel et déterminé au-delà du pensable, des mises à mort sales et méchantes, du nichon, de la seringue, de l'hôtel miteux, la coalition des forces vives du ghetto pour le final showdown... Les dialogues sont parfois surfaits, mais dans les moments les plus acérés, c'est du très lourd.
Pendant un bon tiers du film, passé la scène d'ouverture à la brutalité jouissive et qui joue avec les codes de l'horreur (annonçant les choix de Baxley pour son prochain film), on est quand même dans du sous Walter Hill qui manque de dynamisme. Plutôt inquiétant, donc. Puis d'un coup ça s'emballe : exit le personnage féminin dont personne ne savait quoi foutre (elle passe en quelques minutes de pseudo-femme fatale à cruchasse), remplacée aussitôt par une autre, chanteuse héroïnomane gentiment vanneuse et défoncée, incarnée par Vanity. De là, les péripéties se font aussi improbables et dynamiques que son duo avec le personnage de Weathers et le film décolle vers des sommets de générosité débile aussi bien niveau action que situations, dialogues et rétributions (l'échange qui clôt le film est d'ailleurs d'une vulgarité improbable).
Pas au niveau de 48 Hrs., ni de Beverly Hills Cop, on est plutôt dans la veine Mark L. Lester entre Commando et Showdown in Little Tokyo : c'est très con et ça marche, sans détachement ironique aucun, parce que ce genre de films n'a pas existé bien longtemps après ça.