Une femme nourrit une liaison passionnelle avec un Russe, pleinement consciente qu'elle n'en dicte ni le tempo, ni la trajectoire.
Sur un versant moins intellectuel que le livre d'Annie Ernaux, Danielle Arbid brosse une description nuancée de la passion amoureuse, entre addiction qui (dé)règle le quotidien jusqu'à nuire aux proches et découverte intense d'une bulle d'altérité pour laquelle on devient prêt à tout. Par petites touches, dans ce film jamais arrogant et servi par une Laetitia Dosch d'autant plus convaincante qu'elle est sobre, la réalisatrice montre en effet que l'égoïsme traditionnellement brocardé dans la passion a un revers idéaliste, une nouvelle naissance au monde et à l'autre. Mais le monde autour s'en fiche un peu et cantonne ce nouvel élan à la sphère personnelle. Le SDF se montre complètement indifférent lorsque la femme, en joie, lui donne plus que d'habitude.
Le film questionne un peu plus superficiellement le rôle que s'assigne cette femme dans la passion, à savoir celle qui attend que l'homme, puissant et mystérieux, daigne lui accorder du temps. On dirait qu'Arbid en fait un incontournable de la condition féminine, presque un côté immuable. Dans un dialogue, les féministes sont moquées comme étant souvent les plus soumises dans la relation de couple, ce qui me paraît un peu douteux.