Prix du scénario à la dernière Mostra balancé incognito sur Netflix sans aucune promo. J'ai découvert l'existence du film grâce à Blissfully.
Pour faire court c'est un peu le Inside Llewyn Davis indien. On retrouve le même récit d'un artiste raté sauf qu'ici on troque le folk pour la musique classique indienne (c'est très particulier, on est entre le chat en chaleur qui miaule et la mobylette). Enfin à la différence du film des frères Coen où le talent de Llewyn Davis était laissé totalement au bon jugement du public ici il nous est dit que le personnage principal a clairement un manque de talent. Malgré son obsession pour son art, malgré son éducation baignée de musique et le sacrifice d'à peu près tout, il n'y parvient pas.
Dans une mise en scène très carrée, très lourde avec des plans fixes bien composés (avec une magnifique photographie), le personnage va ainsi aller de désillusion en désillusion dans un parcours très morne où il s'enfonce de plus en plus dans une forme de léthargie rédhibitoire. L'acteur principal est parfait avec son air bonhomme qui évolue vers une placidité terrible. Le film est vraiment fin, sans surligner quoi que ce soit, toujours dans la bonne distance, dans une écriture très subtile (cette fascination qu'il a pour le The Voice indien, ce moment où il navigue sur Internet et qu'il semble mis face à son propre échec). Vraiment c'est assez impressionnant de maîtrise pour un réalisateur tout jeune (34 ans).
Le film ose même aller plus loin dans la cruauté avec une scène charnière déchirante
4.5/6
