Capotondi a une adaptation d’un roman de Charles Willeford qui devrait bientôt sortir avec l’acteur de The Square. J’aime beaucoup Willeford, moins le roman qu’il a choisi d’adapter (The Burnt Orange Heresy), qui est une tentative de roman plus noble que ce qu’il a l’habitude de faire - d’où un vernis de prétention qui le dessert. Je serais quand même curieux de le voir, tout comme j’étais donc curieux de voir ce film noir qui fait office de coup d’essai.
Le titre français affadit singulièrement le titre original, "L'heure double". On est en présence d’un thriller, comme on dit, atmosphèrique, qui égrène un peu mécaniquement ses coups de théâtre, ce qui n’est pas forcément un défaut. L’aspect de mécanique bien huilée ou orchestrée avec un sens consommé de la surprise est un des critères objectifs qui font la valeur du genre policier.
C’est donc le cas ici, dans un film où on aimerait juste que le filmage soit un peu plus capiteux, même si n'on est pas dans le réalisme le plus terre à terre. La bo souligne avec discretion et élégance la mélancolie du film qui repose sur un procédé qu’on pourrait trouver facile
Ce second acte est intéressant dans la manière dont il permet de plonger dans la psyché de ce qu’on croit être le personnage principal et dans la manière dont toute une gamme de sentiments se trouve explorée puis comme réverbérée à travers les personnages. Bon ça ne veut rien dire mais j’espère me comprendre un minimum. Grosse intensité des acteurs, dont celui qui joue le rôle de Guido, qui faisait Mussolini dans le film de Bellochio. La façon dont il s’empare de la scène de speedating au début est une mini prouesse de jeu minimaliste.
A partir de là, le film dénoue avec un certain brio ce tragique propre au film noir, qui tient à ce jeu inégal et presque faussé d'avance entre des personnages distinctement vulnérables.