J'avais plutôt aimé et défendu Passion qui était une espèce d'autoparodie consciente et ludique du propre cinéma de De Palma mais je vais avoir énormément de mal à défendre ce Domino qui s'impose d'emblée comme le pire film de sa carrière (bon j'ai pas vu Wise guys) et sincèrement pour la première fois, un film véritablement embarrassant. Dès l'apparition du titre tu sens que ça pue, il apparaît en petit au bas de l'image dans une police indistincte comme le titre d'un épisode New York Unité Spéciale. C'est un détail mais ça donne un peu l'idée d'un film totalement torché de A à Z, construit sur une vague idée de scénario et où De Palma est venu tristement cachetonner.
Il y a en réalité trois moments où tu sens vraiment De Palma derrière la caméra, c'est l'intro sur les toits où il nous fait son petit Vertigo illustré. Le climax où il tente une scène de tension toute au ralenti à la Blow Out et, entre les deux, une scène d'attentat filmée en split screen avec caméra sur le gun et caméra qui filme l'assaillant. Les trois scènes sont nulles (la première pue le décor pourri et s'avère ridiculement pas palpitante, le climax est gâché par un "cheapisme" de chaque instant ne mettant pas du tout en valeur son décor pourtant prometteur - une arène de tauromachie et l'attentat est assez violent mais tellement fake et pas crédible que la scène est risible plutôt qu'autre chose) mais au moins il y a une vague ambition, quelque chose qui pourrait passer pour du style. Parce que le reste... le reste olalala c'est d'un niveau
. Tout est horrible, il n'y a rien qui va. Le scénario est une aberration, les personnages sont transparents comme pas permis pas aidé par une interprétation apocalyptique de l'ensemble du casting, Coster-Waldau en tête absolument nullissime (quoique le collègue danois du début est limite pire). La photo est affreusement téléfilm, je sais pas en quoi le film a été tourné mais c'est d'une laideur. Mais le pire c'est l'espèce de côté "Feux de l'amour" sorti de nulle part et qui achève totalement le film en lui offrant la pire scène de la carrière de De Palma
Rien à sauver même si les suceurs habituels y voient "un grand film malade mais passionnant" alors que c'est juste une merde. Vraiment j'ai regardé ça effaré de la première à la dernière minute et ça faisait longtemps que j'avais pas souffert comme ça pour un réalisateur. Reste plus qu'à croiser les doigts pour que ce soit pas son dernier film.
0/6
*
De Palma a écrit:
Le film était très mal financé. J'ai passé beaucoup de temps dans des chambres d'hôtel à attendre que l'argent pour qu'on puisse continuer à tourner arrive. J'ai passé 100 jours en Europe et on n'a pu tourner que 30 jours. Mais, je ne sais pas comment, on a quand même réussi à faire naître un film de cette situation complètement chaotique et j'espère que vous pourrez le voir bientôt.