aka Sons and Lovers
Paul Morel est poussé par sa mère à s'éloigner du destin de la mine où travaille son père et son frère. Passionné de peinture, il doit bientôt choisir entre un mécénat à Londres ou un petit emploi de comptable dans une mercerie. Déçu par sa passion pour sa voisine Miriam, sa route croise celle d'une femme séparée et suffragette, Clara Dawes.
Grand chef opérateur de Powell-Pressburger, Jack Cardiff a tenté une carrière de cinéaste dans les années 60 assez méconnue (même si avec ce film il réussit à obtenir une nomination aux oscars). Contrairement à Roeg de la gnération suivante, il a du revenir à son métier d'origine dans les années 70, mais plusieurs de ses films paraissent bien intriguants (Les Drakkars qui a l'air d'évoquer Le treizième guerrier, ou Le dernier train du Katanga qui a une mini réputation par sa violence, une adaptation du Lion de Kessel...). Cette adaptation de D.H. Lawrence est assez sage et même très souvent académique dans certaines conventions mélos (l'horrible coup de grisou dans la première partie)... on est pas dans le Women in Love de Ken Russell et encore en 1960 pour le souffre et le pulsionnel, mais on reste souvent admiratif par cette capacité à travailler le cinémascope à fond, et à se permettre quelques à côté et étrange, entre deux récitations... C'est Freddie Francis qui est à la caméra ici, et ce n'est pas un manchot non plus à la lumière, le noir et blanc est particulièrement réussi.
Une scène comme celle entre Paul Morel et Clara jouant aux cartes, avec la mère de cette dernière qui circule dans la pièce tandis qu'on se met soudain à n'entendre que de légers bruitages, mets par exemple le film facilement en pause dans son rythme ordinairement plus classique, mais on s'amusera aussi de quelques zooms bien étranges, de petites séquences expressément poétiques comme l'après-étreinte dans le moulin, l'escapade à Brighton (je crois...), les quais de gare avec profondeur de champs démesuré, quelques champs contre-champs avec inversion de mise aux points, etc...
Il manque clairement le côté bouillonnant éprouvé à la lecture de Lawrence aux profits de petites élégies parfois réussies quand même, mais qui servent plus le côté puritain et retenu véhiculé par le personnage de Mariam (et finalement le film se termine presque littralement sur son regard qui se serait juxtaposé à celui du film), mais c'est aussi un des miroirs que propose cette histoire, qui avec le cinéma en devient forcément plus directement métaphorique et empreinte de raccourcis (le film expurge beaucoup aussi, même des personnages). Le portrait mère-fils et la subtile et radicale attache entre eux se tient quand même pas mal grâce aux acteurs (Dean Stockwell est très bon dans le rôle principal, par contre Trevor Howard en fait des tonnes en mineur bourru...).
Bref pas spécialement convaincant, mais il y a souvent des chose à glaner.