aka Play it again, Sam
Un cinéphile averti, passionné par les oeuvres et le personnage qu'incarne Humphrey Bogart à l'écran, se consacre entièrement à cet art au point d'en délaisser sa femme Nancy qui demande le divorce et le laisse seul. Désemparé, il erre de psychiatre en psychanalyste. Un couple d'amis décide alors de le prendre en charge et de lui faire rencontrer d'autres femmes. Malgré les conseils techniques de son hallucination permanente, ces relations ne sont guère couronnées de succès. Parviendra-t-il au bout de sa quête amoureuse ?
Difficile de savoir pourquoi Allen n'est pas derrière la caméra ici, la faute à la Paramount ou au cinéaste qui n'a pas envie d'adapter sa pièce de théâtre à succès? Enfin bon, ça donne le loisir de se rendre compte que Woody ne se remplace pas facilement par un faiseur lambda derrière la caméra. Si Herbert Ross déboule avec la panoplie de luxe du film seventies en matière de photographie et de direction artistique, il peine à donner un véritable dynamisme à l'écriture d'Allen... il reste aussi bloqué sur une certaine représentation glamour de la cinéphilie qui ne se prête pas toujours au rapport que l'auteur d'Annie Hall entretient finalement avec le cinéma.
Aujourd'hui on a un peu l'impression de découvrir avec ce film une collection des clichés alleniens dans une version très light, et on se rend compte qu'en matière de burlesque notamment, Allen n'est jamais mieux servi que par lui même : ici tout ce qui tient de la maladresse du personnage ne fais jamais ressort autrement que pour créer un certain embarras, en s'abstenant de tout découpage. Pour tout ce qui tient des dialogues imaginaires ou monologues Ross est complètement largué également, jamais dans la névrose du personnage... c'est bien simple, la plupart du temps il laisse déambuler son acteur principal comme s'il était sur les planches, et sans réelles idée le fait simplement interagir avec un Bogart à ses côtés. Toutes les images fantasmatiques ne sont jamais drôles, et le final qui rejoue Casablanca juste paresseux et luxueux.
C'est assez amusant par contre de voir du Allen délocalisé sur la côte est, ici à San Francisco avec pas mal de babas, mais Herbert Ross semble finalement bien plus touristique / décoratif que Allen dans ses derniers films en Europe lors des virées en bagnoles, ou pour faire de longs plans jolis/inutiles sur les tramways. Diane Keaton est peut-être ce qu'il y a de mieux ici, charmante comme tout et très à l'aise... Tony Roberts (qui ressemble vraiment à Ron Perlman dans Drive) est pas mal aussi, il faut dire qu'il hérite de l'un des meilleurs running gag du film en businessman qui appel sa boite en permanence pour laisser les numéros de l'endroit où il se trouve (sorte d’ancêtre de l'accroc au portable).