J'adore le distributeur qui te sort une affiche absolument affreuse pour être bien sûr de ne pas attirer par accident un public qui n'avait pas prévu d'aller voir ce film, ou tout simplement éveiller la curiosité pour un film pas véritablement facile de prime abord.
Soit. Le film nous raconte la vie de plusieurs personnages dont un groupe d'adolescents dans une petite ville du nord de la Chine. Le film est basé sur un système rigoriste duquel il ne déroge jamais. Plans fixes, scènettes et surtout passivité totale des personnages. Quand on sonne à la porte, on ne s'en inquiète que 15 secondes plus tard. Quand on pose une question, on y répond que 15 secondes plus tard. Il y a comme une incommunication terrible entre tout ses personnages qui ne parviennent pas à interagir correctement. Ils ne semblent pas se comprendrent et encore moins se comprendre eux-mêmes. Bloqués dans une vie d'une vacuité glauque et effrayante, dans une ville où les sons d'une guerre sourdent alentour, ils vivent une vie aveugle absente d'elle-même. Mais dans cet espèce de noirceur absolue refait surface un humour de l'absurde salvateur où les situations, par leur extrême incongruité en deviennent abstraites et il ne reste plus qu'à en rire. Un rire un peu en sourdine, un peu douloureux quand même, car la réalité du film est affreusement sombre. Ca m'a fait penser par bien des côtés à du Roy Andersson (bien que je préfère la grandiloquence du suédois à l'épure du chinois). Intrigant.
4/6