Tiens c'est bizarre DPSR a pas créé le sujet.
Voici le récit d'Alvar Nunez Cabeza de Vaca, trésorier d'une expédition de 600 hommes aux amériques au XVIème Siècle qui après un naufrage se retrouve à errer huit ans durant dans les terres indiennes du Mexique actuel. Etrange que ce film, pourtant Ours d'or à Berlin en 91 ne sorte qu'aujourd'hui en France.
Ce film est un peu fait pour moi. Je suis particulièrement fasciné par le mythe de Robinson, j'ai lu pas mal de bouquins sur des récits de survie en milieu hostile, sur des naufrages affreux et sur la vie érémitique (choisie ou non). Et là on est en plein dedans. Mais alors que j'attendais quelque chose de plus terre à terre avec des problématiques liées à la faim, à la solitude, à l'affrontement de l'homme civilisé revenu homme des bois, Echevarria décide de partir dans une toute autre direction et ne s'encombre pas d'expliciter le mode de survie du personnage. Ce qui l'interesse (et c'est pour cela que le récit original de Cabeza de Vaca lui même et encore aujourd'hui connu) c'est l'aspect ethnographique. Comment l'homme colonisateur, prosélyte et intolérant aux indigènes va peu à peu pénétrer les différentes tribus qu'il croise, en devenir tour à tour esclave et messie et comment cela va le transporter ailleurs.
Véritable voyage spirituel et mystique, Cabeza de Vaca enchaîne les scène ritualistiques toutes plus folles les unes que les autres. Et l'acteur principal totalement habité par son rôle de chaman nouvellement converti est absolument incroyable (l'équivalent d'un Kinski chez Herzog), il a une intensité, un magnétisme purement animal saisissant. Le film est assez déconcertant par son côté si peu narratif, finalement proche de la poésie d'un Jodorowsky dans la mise à plat d'un rituel d'où rien ne nous est expliqué mais dont la valeur tient plus dans sa chorégraphie, dans son déroulement mystique et son étrange beauté. En outre le film est magnifique, il a une superbe lumière solaire et les scènes de sous-bois sont incroyablement éclairé. Le début Radeau de la Méduse est également très beau.
Et il ne faut pas oublier non plus le discours anti colonialiste du film, où le dernier plan incroyable (du pur Jodorowsky pour le coup) contient toute la problématique du film et au delà de cela de tout un continent.
Merveilleux film, vraiment 5/6
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