Le 1er novembre 1954, un couple d’instituteurs français et un Caïd algérien sont victimes d’une attaque meurtrière près de Ghassira, un petit village chaoui. Cet acte marque le début de la guerre pour l’indépendance de l’Algérie. 50 ans après, Malek Bensmail pose sa caméra dans cette région considérée comme le « berceau de la révolution » et interroge ses habitants sur leur rapport à l’histoire, à la langue, à la France... Des écoliers d’aujourd’hui aux témoins d’époque, c’est l’Algérie contemporaine qui se donne à voir, entre acceptation et révolte, entre mémoire et présent.
Rah ptain, je sais pas pourquoi j'avais l'impression que ça allait être différent, autre chose qu'un film "convenable". On m'avait parlé de l'entredeux documentaire/fiction, qui est une promesse qui fonctionne souvent bien sur moi, parce que quand cet entredeux est réussi, j'aime la sensation de perte qu'on éprouve, cette indécidabilité, où justement se joue le cinéma. Là, on est dans un cinéma de compromis, de séquences édifiantes provoquées et découpées, de séquences symboliques franchement lourdaudes (travelling avant sur un tableau d'écolier, la nuit, dans une salle de classe vide... un dessin d'attentat au tableau, et des craies venues de nulle part le percutent dans des bruits de déflagrations... v'là la subtilité!), d'où malaise, donc, et non perte, impression de "manipulation" et non d'indécidabilité...
Et puis le film a un vrai problème de montage, qui semble assemblé au petit bonheur, les séquences sont en foutoir côte-à-côte, connectées par une musique trop présente qui plaque des sentiments sur des plans qui trop souvent n'en suscitent, seuls, pas des masses... D'autant que malgré ce foutoir du montage, celui-ci reste très sage, très métronomique, n'ose aucune rupture rythmique et reste obstinément calé sur des séquences ni courtes ni longues, moyennes, "convenables", rythme un brin télévisuel, confortable, qui ne provoque pas grand chose, de fait, cinématographiquement parlant, dès que l'oeil pourrait supposément s'ennuyer, on coupe, et quand on ne sait pas comment filmer, on fait glisser sur des légers travellings assez gratuits, juste histoire que l'image "vive". Il y a de fait un ronron constant, qui fait que les deux heures se sentent, se sentent très fort...
Ennui poli, donc, le film n'est pas honteux, il y a des choses à en tirer sans doute, dans les mots des enfants notamment, mais elles sont trop rarement cinématographiques, il ne se passe pas grand chose au cadre, ni au montage, c'est pas laid mais c'est très moyen, quoi, très convenable, très convenu, très bien coiffé, très scolaire, tout ceci reste très sage, très world festival, très bonne conscience, très film qui fait la Une du Monde...
très 3/6