Ma modeste contribution sur ce film de 1956.
Résultat d'une poussée nostalgique sur Zéro de Conduite:
Artiste du XXème siècle (né en 1901, il meurt en l’an 2000), Claude Autant-Laura fut un combattant du cinéma. Farouche opposant à la “menace hollywoodienne” censée étouffer le cinéma français, syndicaliste aux influences anarchisantes, il n’en finira pas moins sa vie le bord – extrême – droit de la route politique. De tous ses films, La traversée de Paris reste le plus célèbre. Succès dû bien entendu au contexte historique mais aussi et surtout par la parfaite complémentarité des deux acteurs principaux, Bourvil et Gabin.
L’action se déroule donc pendant la guerre, sous l’Occupation. Martin (Bourvil), un brave type, au chômage, survit grâce au marché noir qui, s’il est découvert, est sévèrement réprimé. Il est pour la circonstance de mèche avec le boucher Jambier (de Funès avant qu’il ne devienne l’acteur connu et reconnu de tous) qui lui fournit la marchandise. Les morceaux de porc sont dissimulés dans quatre valises qui nécessitent d’être deux pour les transporter. Or Martin apprend que sont équipier habituel s’est fait arrêté. De fil en aiguille, il en vient à faire équipe avec un inconnu (Jean Gabin) qui lui sera, par sa malice et son bagout, bien utile pour la suite des événements (comment échapper à une patrouille ? Réciter du Heine en allemand – limpide).
Un des films français d’après-guerre les plus appréciés du public et rétrospectivement le meilleur de son auteur. La traversée de Paris vaut, comme dit plus haut, pour son duo d’acteurs ainsi que pour certaines scènes faisant désormais partie du paysage cinématographique national (Gabin hurlant “Jambier! Tu m’dois deux mille francs!”, Bourvil jouant de l’accordéon pour masquer les cris du porc qu’on égorge). Cette traversée ne manque donc pas de qualités même si elle diffère de la nouvelle de Marcel Aymé dont elle est inspirée. Prix de la meilleure interprétation masculine à Venise pour Bourvil.