Je dois dire que j'étais pas plus excité que ça à l'annonce d'un nouvel épisode. God of War III est pour moi un monument, et je voyais mal comment il serait possible de le surpasser, ou au moins l'égaler. De plus, c'était une superbe conclusion à la saga. Les premières vidéos du nouvel opus annonçaient un Kratos vieillissant, lourd, bien campé sur ses appuis tel un vieux chêne, dans un contexte nordique a priori moins impressionnant. Exit donc le beat'em all épique, et welcome la darksoulisation de la franchise ?
Curieux mais un peu blasé, je lance le jeu. Et forcément en moins de 5 minutes chrono, j'ai l'oeil humide et les poils dressés. La putain de sa race de mise en scène, la musique, l'interprétation, les personnages... 5 minutes, c'est le temps qu'il faut pour comprendre qu'on a affaire à un immense jeu. Je spoilerai rien, car le gros intérêt du jeu est son histoire justement, et surtout sa mise en scène. Pour ceux qui aiment et ont suivi avec attention le périple de Kratos, ce God of war est du pain béni.
Mais même pas besoin de jouer aux précédents, tant la franchise se renouvelle. Un véritable nouveau départ, à tous les niveaux, même narratif. Après avoir défoncé tous les dieux de l'Olympe, Kratos est calmé et a refait sa vie dans une petite cabane en forêt, avec sa nouvelle femme et son fils. Tout le jeu sera axé sur la relation Kratos/progéniture en mode voyage initiatique pour le gamin, mais aussi et surtout pour le père. C'est qu'il en a encore gros sur le caisson le Kratos. Et maintenant qu'il a un fils, il a PEUR.
Surtout que le gamin n'est pas du tout le portrait craché de son père. Il est cultivé, il aime tirer à l'arc, et la vue du sang l'amuse pas trop. Et puis surtout, il aime parler. Alors que Kratos... ben c'est Kratos quoi. On sait déjà que c'est pas le père de l'année (rapport au fait que bon, voilà, il a un peu tué sa précédente femme et sa fille), et du coup on veut voir comment ces deux étrangers vont connecter (ou pas). Ça donne souvent lieu à des leçons de vie fort sympathiques de la part du père, aussi pédagogue qu'une enclume.
Bref, le voyage s'annonce avant tout humain. Et ce voyage a beau prendre des proportions cataclysmiques par la suite, avec ses twists et révélations dantesques, l'humain restera au centre. TOUS les personnages sont géniaux... mais s'il ne faut en retenir qu'un (à part Kratos), je retiens le bad-guy. Il est trop cool, je peux pas en dire plus.
Bon la baston maintenant. Oubliez les pauvres vidéos promo qu'on nous a servies. Les mecs ont tout gardé pour le jeu. La caméra épaule ne change rien, c'est du God of war pur jus. Enfin si, la caméra rend les bastons encore plus impressionnantes que par le passé. C'est l'orgie. On n'a plus de distance avec Kratos, on EST Kratos ! Et c'est définitivement une expérience à vivre... Les finish moves sont peut-être moins sadiques que par le passé, mais ça reste vraiment extrême par moments. En fait c'est ça : Kratos ne prend plus de plaisir à tuer. Il ne s'amuse plus à laisser sa victime agoniser des plombes, avec des QTE qui n'en finissent plus. C'est très cohérent avec l'évolution du perso, et ça donne quand même lieu à des éliminations brutales, et toujours spectaculaires.
Je parlais de Darksoulisation plus haut, et c'est effectivement le cas. Pas que dans le gameplay d'ailleurs, car il y a d'autres petits trucs dans le jeu qui sentent la référence directe (les puristes reconnaîtront). Mais le gameplay soulien est quand même vachement mieux géré que dans le dernier Assassin's Creed par exemple. La dimension RPG, le côté tactique des combats, le level-design inter-connecté, la difficulté aussi... Le monde du jeu est un bonheur à explorer. Une sorte de simili monde ouvert, qui ressemble finalement à un gros parc d'attractions coloré, dont on a envie de visiter chaque recoin.
Jeu qui rejoint d'office les Uncharted 4, The Witcher 3 et Last of us sur l'étagère "Jeux vidéo > cinéma". Parce que merde, on va pas se mentir... 1 heure de God of war > The revenant + Man of steel + Thor 1,2,3. Jouez-y au lieu de vous plaindre qu'il n'y a plus rien au ciné, enculés.