Programme de ce soir
My Uncle (Mon oncle)
Jacques Tati
1958, France - Italie
Monsieur Hulot, doux rêveur, mène une vie de bohème dans un quartier populaire de Saint-Maur. L’heureux hurluberlu rend parfois visite à sa soeur, mariée à un riche industriel, Monsieur Arpel. Le couple habite une villa aseptisée où tout est neuf, géométrique et automatique. La désinvolture de Monsieur Hulot fait désordre, mais séduit son neveu Gérard, âgé de 9 ans ; il trouve en lui la note de fantaisie qui manque à sa vie trop bien ordonnée. « Il n’y a pas de message dans mon film. Cependant, je peux dire que je suis frappé par l’indifférence du monde moderne. Que signifie la réussite, le confort, le progrès si personne ne connaît plus personne (…) ? », disait Jacques Tati. Le film est présenté dans une version restaurée aux couleurs flamboyantes, qui rend grâce également au grand orchestrateur burlesque sonore qu’était Jacques tati.
21h, Publiciscinémas (8ème), présenté par Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff
La Moustache
Emmanuel Carrère
2005, France
Un beau jour, Marc se rase la moustache qu’il porte depuis des années. C’est un peu par jeu, un peu pour voir la tête de sa femme et de ses proches. Mais personne ne semble remarquer le changement : « C’est sûrement une blague », se dit Marc. Mais quand il perd patience, tous soutiennent qu’il n’a jamais eu de moustache et bientôt le traitent de fou. Une machine infernale se met alors en route dans la tête de Marc : est-il vraiment devenu fou, ou bien les autres se sont-ils ligués contre lui pour le faire basculer dans la folie ? Seraient-ce eux, les fous ? Emmanuel Carrère adapte son roman best-seller, un livre sur la perte des repères et l’absurdité, une simple moustache entraînant la remise en question d’un homme de quarante ans apparemment sain d’esprit. « C’est une expérience de déboussolage, de montagnes russes psychiques, qui doit donner à la fois du trouble et du plaisir. » (Emmanuel Carrère) Pour mieux figurer ce flirt de Marc avec la folie, la caméra d’Emmanuel Carrère épouse totalement le point de vue du protagoniste, magistralement interprété par Vincent Lindon, et nous entraîne aux confins du doute.
19h, Publiciscinémas (8ème), présenté par Emmanuel Carrère, Vincent Lindon, Emmanuelle Devos et Aurélien Ferenczi (Télérama)
Blood and Bones (Chi to hone)
Yoichi Sai
2005, Japon
En 1923, le jeune paysan Kim Shunpei quitte son île natale du sud de la Corée pour s’installer à Osaka, au Japon. Une seule idée l’anime : faire fortune. Soixante ans plus tard, le jeune garçon est devenu un vieil ours solitaire, brutal et charismatique, qui n’inspire que la terreur à tous ceux qui le côtoient. Il a conquis pouvoir et richesse, bien au-delà de ses espérances, mais il hait le monde entier. Il se soûle, viole, bat ses enfants et sa femme, exploite ses employés. Un fils issu d’un de ses nombreux viols débarque un jour : il est le seul à oser le défier, mais le vieux loup semble invincible. Yoichi Sai, avec une systématisation et une pugnacité désarmantes, s’attache à enlever toute circonstance atténuante à ce personnage définitivement abject, cupide et inhumain. Ce portrait au vitriol dresse un constat pessimiste de la condition humaine. Filmée de manière brute, sans effets spéciaux ni bruitage avec pour seul bruit les sons sourds des poings qui s’écrasent, la violence atteint ici son paroxysme. Takeshi Kitano, au sommet de son art, est, dans Blood, and Bones transfiguré en bête vile et féroce.
21h15, Publiciscinémas (8ème)
La Porte du paradis (Heaven’s Gate)
Michael Cimino
Version intégrale en copie neuve, 1980, Etats-Unis
En 1890, à la fin de la conquête de l’Ouest, des milliers d’émigrants venus d’Europe de l’Est se dirigent vers le nouvel état du Wyoming, dans l’espoir d’y trouver un emploi. Mais cette arrivée massive ne plaît guère aux gros éleveurs de bétail. L’un d’entre eux, Frank Canton, accuse les émigrants de décimer ses troupeaux et loue les services de mercenaires pour les éliminer. Mais James Averill, shérif de la région, s’interpose. À partir de ce fait historique, Michael Cimino signe un anti-western très politique, qui remet en cause le rêve américain, en dévoile la face cachée et la violence sur laquelle il s’est bâti. Une fresque grandiose au lyrisme bouleversant, dont chaque séquence est un véritable tableau, qui fut consacrée comme un chef-d’oeuvre maudit et présenté au public à l’époque dans une version amputée.
19h30, Le Georges-Méliès (Seine-Saint-Denis 93), présenté par Michael Cimino, Claude Miller, Michel Ciment et Stéphane Goudet
Paris CinéCampus : Jackie Chan, l'Asie à Hollywood
Quelle place pour le ciné kung-fu à l'heure de la mondialisation du genre ?
Avec Frédéric Ambroisine (réalisateur, critique), David Martinez (HK Vidéo), Nicolas Saada (réalisateur), Julien Sévéon (Mad Movies).
Modérateur : Charles Tesson
Mardi 5 juillet à 17h / Espace Paris Cinéma
|